Cass & Simon

D'après CamRo, l'alcool, c'est de l'eau et pour Simon aussi. C'est ce que répond Simon au barman qui fait la tête en le voyant enchaîner les verres d'alcool. De toute manière, il n'a rien à lui dire sachant que Simon est le patron du club. Bien qu'aujourd'hui, on aurait pu prendre Simon pour un vagabond. La veille, il avait eu un combat, enfin, il s'était jeté dans un combat. Le type en face de lui, beaucoup plus grand et beaucoup plus entraîné. Un ancien boxeur qu'on lui avait pourtant dit. Pourtant, Simon, il avait accepté le combat. Il n'avait pas eu peur, il aimait les challenges et depuis sa soirée avec Veronika, il avait besoin de se défouler. Passant toutes ses nuits à traîner dans les bars et dans son club de combat. Les mains égratignées, mais le pire, c'est son visage. Le type lui a cassé le nez lui laissant les deux yeux aux beurres noirs en bonus. Il n'aurait pas cru être KO aussi facilement le brun, pourtant ce soir-là, il l'a été. Un mal de crâne venait compléter le tableau. Disons-le, clairement, ce n'est pas un bon jour pour Simon. Le brun, il attrape le verre que lui présente le barman et le boit d'une traite. Il ne boit plus cette saloperie de whisky en tout cas, il se contente de sa vodka. Sa douce Vodka, qui lui fait vivre sa vie d'une tout autre manière. Une licorne fera peut-être son apparition devant ses yeux prochainement. Il avait déjà un énorme problème avec l'alcool, mais aujourd'hui, c'était bien pire. Il n'avait pas spécialement accepté le fait que Veronika puisse le castrer à ce point. Cette brune incendiaire, c'était bien trop beau pour être vrai. Il chasse son image de sa tête d'un mouvement de tête. Il n'en avait évidemment parlé à personne, il ne pouvait pas, il n'avait pas envie de se prendre des railleries de ses confrères. Simon, il n'avait eu envie que d'en parler à Cass, mais celui-ci avait encore disparu depuis un moment maintenant. Il espère que cette fois, il reviendra plus rapidement que la dernière fois. Cette histoire avec Veronika, lui avait servi d’œillère, ne se souciant pas vraiment des problèmes de son meilleur ami. Simon, il attrape le briquet de Kyle, un briquet gravé d'un aigle, l'animal totem de Kyle, ainsi qu'une date, celle de l'entrée dans le gang de Kyle. Comme pour lui rappeler que le gang sera toujours là pour lui et inversement. Le brun, il actionne le mécanisme avec son doigt, ce qui allume une flamme. Il la laisse danser devant ses yeux. Simon, il avait refusé de lui rendre à la brune, pourtant, elle avait l'air d'y tenir à ce briquet. Pourtant, ça ne l'avait pas vraiment attendrit, elle ne lui avait même pas donné d'excuse. Aussi butée que lui, cette femme. Mais au fond de lui, elle lui manque, son corps lui manque. Cette distraction qui lui faisait oublier ses problèmes. Il pensait avoir retrouvé son petit quotidien, mais aujourd'hui, Simon, il était devenu morose et grognon. Le brun n'était plus vraiment patient avec ses employés, il en avait d'ailleurs viré quelques-uns, beaucoup trop mou à son goût. Tout ça à cause de Veronika et de son idée de lui tirer des informations en se servant de son corps. C'était une bonne tactique, il le reconnaissait, mais Simon, il n'aime pas être le dindon de la farce.

Un bruit, lui fait tourner la tête au brun et il remarque Cass. « Cassiel, putain, il faut qu'on parle ! » Le gérant du club, il manque de se vautrer en descendant de son tabouret près du bar, mais il rattrape vite grâce à celui-ci. Le brun, il se dirige vers son meilleur ami et l'emmène dans son bureau. Une fois, la porte fermée, Simon, il s'effondre dans son siège, une main sur ses yeux. « Merde, t'étais où encore ? » Il enlève sa main de devant ses yeux pour le confronter, n'ayant pas vraiment peur de montrer ses blessures de la veille.

Cass & Simon

La main sur la porte du club, prêt à entrer, tu réalisais à quel point ce que tu avais longtemps cru être un cliché était une réalité, tu les avais entendu les autres, les gens, dire après des événements plus ou moins traumatisants qu'il y avait eu une vie avant et une vie après, tu les avais entendu, levant les yeux au ciel et soupirant, les jugeant silencieusement ou non, clamant que toi, tu avais perdu ton frère jumeau et que pourtant tu n'en faisais pas autant, les trouvant si dramatique, si pathétiques sans même réaliser un seul instant que tu vivais dans un déni perpétuel, te réfugiant dans la violence puis quand la violence, le plaisir de sentir les os craquer sous tes poings ne t'avait plus suffit, n'avaient plus suffit à te faire fuir la réalité, dans la drogue sans même réaliser ce que tu faisais, sans même comprendre le danger, sans même voir ce que tu devenais, jusqu'au point de non retour quelques semaines en arrière, quand tu avais complètement échoué en pleine mission, quand face à une personne que tu connaissais tu n'avais pas été capable de tirer, de l'assassiner, quand partagé entre la peur et la honte, tu avais fuis à nouveau, comme quelques mois en arrière, retournant aux mêmes endroits, retombant dans les mêmes travers...Les journées à peine conscient, à en perdre même toute notion du temps, les nuits dans les bars, dans les clubs, la musique assourdissante, les corps trop proches du tien, te réveiller, recommencer, jusqu'à ce soir où ton corps avait marqué le point final de ton escapade, jusqu'à ce soir où tu t'étais écroulé, où tu avais bien cru que tu ne pourrais jamais t'en relever, les pensées tournées vers ceux que tu aimais et que tu avais encore une fois abandonné en cherchant à te fuir toi-même, te promettant que si tu survivais alors tu reviendrais, c'était comme ça, pour ça que tu te retrouvais là, la main sur cette porte, hésitant longuement, tu l'avais pourtant passée des milliers de fois auparavant cette porte, tu connaissais ces lieux mieux que personne, tu y avais passé un nombre d'heure affolant, indécent, et pourtant, rien ne semblait plus pareil maintenant, tout semblait si différent, maintenant que tu avais connu la pire douleur, celle de la réalisation, compris qu'il ne reviendrait jamais, que quoique les autres puissent te dire tu étais coupable et que tout ce que tu avais réussi à faire cette dernière année était de t'auto-détruire lentement, te rendre dépendant...
Secouant lentement la tête, tu finis par trouver en toi le courage d'abaisser cette poignée, de pousser cette porte, entrant dans ce club en sachant très bien que rien ne serait bientôt plus pareil, le cherchant des yeux avant de le voir accoudé au bar, souriant brièvement en te disant qu'au moins certaines choses ne changeraient pas avant de te diriger vers lui, incapable de déchiffrer son regard, les émotions qui se succédaient lorsqu'il te vit, manquant de tomber en descendant de son tabouret pour se diriger vers toi et t’entraîner avec lui dans son bureau

« Simon ! »

Une simple exclamation qui t'échappa malgré toi, beaucoup trop de sentiments qui se bousculaient en toi, tu savais pourtant que tu n'allais pas vraiment tomber dans ses bras sans devoir d'abord t'expliquer mais le voir là, face à toi, était un tel soulagement, même quand il te demanda où tu étais passé ce soulagement ne te quittait pas, tu avais bien cru le perdre, tu avais bien cru tout perdre ce soir là et il était là, et tu étais là...

« Je devais...J'avais besoin de... »

Pourtant les mots ne venaient pas, tu hésitais, bégayais presque, avoir frôlé la mort, avoir réalisé à quel point tu te détruisais ne t'avait pas donné les clefs pour réussir à t'exprimer, à parler ouvertement de ce qu'il se passait.

« ...réfléchir ?»

Le mot sonnait plus comme une interrogation qu'une affirmation, tout en toi lui hurlait que tu mentais, que tu cachais la vérité, qu'encore une fois tu te fermais au dialogue et à toute forme de communication en un temps record, laissant glisser tes yeux sur son visage et remarquant les blessures qui le marquait

« Il s'est passé quoi ? »

Parce que c'était toujours bien plus facile de détourner l'attention, de changer de sujet, de parler de lui plutôt que de parler de toi

Cass & Simon

La colère, l'alcool tout se mélangeait en lui. Simon, il était comme une cocotte-minute prête à exploser. Il avait besoin de se défouler, il avait besoin d'en parler. Pourtant, il avait d'autres problèmes à régler. Le problème Cass est dans le top de ses préoccupations. Bien plus que le problème Veronika. Le brun, il s'inquiète pour la santé mentale de son ami. Il fera tout pour lui, pourtant celui-ci avait le don pour disparaître. Aujourd'hui, il était de retour. Simon, il avait tant de questions pour lui. Le brun, il savait que Cass ferait tout pour éviter une nouvelle fois de répondre à ses questions. Mais, le brun, il ne pouvait plus vivre ainsi. Il ne pouvait plus enterrer les corps, il ne pouvait plus le voir avec sa mine d'enterrement, il ne pouvait plus le voir disparaître pendant plusieurs jours. C'était beaucoup trop pour le brun, il avait besoin de lui, il avait besoin de l'ancien Cass. C'est pour cela alors qu'il l'emmène dans son bureau et qu'il commence par une question simple. Pourtant, son interlocuteur, n'avait vraiment pas l'air de vouloir y répondre. Simon, il attend, Cass, il hésite pour rassembler ses mots. C'était si compliqué de donner un lieu ? Simon, il s'était inquiété pour lui. Il avait cru le perdre. Pourtant, il était là sous ses yeux et au fond de lui ça lui faisait sacrément plaisir. Pour le moment, pourtant, tout ce que Simon voulait savoir c'est ce qu'il avait fait pendant sa disparition et surtout savoir pourquoi. Il voulait aussi savoir si ce que l'on lui avait dit était vrai. S'il avait vraiment fait une overdose dans une boite de nuit de Chicago. Voulait-il mettre fin à ses jours ? Cass, il trouve enfin ses mots. Il avait besoin de réfléchir. Enfin, il n'avait même pas l'air de le savoir lui-même. Simon il fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment où voulait en venir le brun. Simon se préparait mentalement à taper du poing sur la table, mais la voix du brun l'arrête. Il le fixe du regard en ayant remarqué ses bleus sur le visage. Un simple combat qui avait mal tourné. Une simple colère que Simon n'avait pas pu assouvir. « Un combat...J'ai perdu. » Il ballait d'un geste de la main le souvenir qui remontait vivement en lui. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il perde si facilement.Simon, il reconnaît sa défaite, même si elle lui reste un peu en travers de la gorge. « Je n'étais pas au max de mes capacités. » Un sourire se forme sur ses lèvres. C'était certain, Simon il ne l'était pas. Simon il avait surtout l'esprit occupé par une brune. Cette femme était un vrai fléau dans sa vie. Même quand elle n'était pas sous ses yeux, elle lui pourrissait la vie. Pourtant, au fond de lui il rêvait qu'elle enfreigne son interdiction et qu'elle se présente devant lui. Comme pour lui prouver qu'il aurait tort, ou pour prouver qu'elle soit complètement barge. « C'est à cause d'une femme. Mais ce n'est pas le sujet. » Non, le sujet s'échappait à chaque fois qu'il reprenait la parole. Le sujet, c'était Cass. Il n'échapperait pas à cette discussion. Il lui avait promis. « T'étais ou Cass? Tu devais réfléchir à quoi ? » Il réitère sa question. Cette fois il voulait une vraie réponse. Merde, il lui avait promis de lui dire la vérité. Aujourd'hui c'était le bon moment pour l'avoir cette conversation. « Cass, je ne suis peut-être pas en état, mais je veux savoir la vérité. » Simon, il plante ses iris dans ceux de Cass. Trop de mensonge, trop de non-dits, c'était terminé, le brun il voulait la vérité, bien qu'elle soit difficile à dire.

Cass & Simon

C'était plus fort que toi, même si tu étais revenu pour ça, même si tu mourrais d'envie d'avoir enfin cette conversation avec Simon, cette conversation que tu lui promettais depuis déjà des mois avant de la repousser à chaque fois, même si tu voulais sincèrement lui confier enfin ce qui n'allait pas avec toi, lui demander de t'aider même à ne pas t'enfoncer à nouveau dans les mêmes travers, les mêmes cycles de violence et d'auto-destruction, une fois face à lui tout était différent, ta fierté reprenait le dessus malgré toi, tes peurs, tes doutes également, il était ton meilleur ami, il était probablement la personne que tu aimais le plus à l'heure actuelle, la personne que tu avais eu le plus peur de perdre lorsque tu t'étais retrouvé aux frontières de la mort mais tu n'étais pas habitué à parler, pas habitué à t'exprimer sur ce que tu ressentais...Avant tout ça, avant sa mort, avant que tout ne commence à se dégrader lentement, tu avais toujours été celui qui aidait les autres, le plus diplomate du lot, celui qu'on aurait pu voir comme n'ayant pas réellement sa place dans un milieu aussi brutal mais dont le calme et la réflexion, la manière de manier les mots avec sagesse en aidait plus d'un, celui qui guidait quand il y en avait besoin alors être soudainement celui à qui on tendait la main, celui pour qui on s'inquiétait et à raison, c'était nouveau pour toi, c'était étrange, les mots refusaient de trouver leur chemin, tu hésitais, bégayais presque finissant par simplement prononcer l'excuse la plus banale possible, ce supposé besoin de réfléchir que tout le monde prétextait, avant de laisser vagabonder tes yeux sur son visage, remarquer les bleus qui le marquait et orienter le sujet vers lui alors, lâchement, parce que parler des autres était ce que tu savais faire de mieux au fond, parce que parler des autres était toujours infiniment moins compliqué, parce que tu ne savais que fuir lorsqu'on t'approchait d'un peu trop près, lorsqu'on voulait te confronter à la vérité.

Et ça aurait pu fonctionner, ça fonctionna même un petit temps, ce petit stratagème que tu utilisais sur lui depuis des années sans te lasser, immédiatement il commença à te parler, de son combat perdu, parce qu'il n'était pas au maximum de ses capacités, parce que de toute évidence son esprit était ailleurs ce soir là, préoccupé par quelque chose ou quelqu'un, une femme si tu en croyais ce qu'il te disait.
Tu t'apprêtais à l'encourager sur cette voie, à le forcer à te parler d'elle, cette femme qui occupait les pensées de ton meilleur ami au point de le faire perdre dans le domaine où il excellait le plus mais tu n'en eus pas le temps, tu ouvrais à peine la bouche, les mots au bord des lèvres lorsqu'il te coupa avant même qu'ils ne soient prononcés, ce n'était pas le sujet et il avait raison alors tu ne dis rien, il devait bien arriver ce jour après tout, tu le savais depuis des années maintenant.
Hésitant tu finis par plonger à ton tour tes yeux dans les siens, il avait été là depuis toujours, il ne t'avait jamais laissé alors que les occasions où t'abandonner aurait été une option légitime étaient si nombreuses que tu ne pouvais même plus les compter, il méritait cette vérité tu ne pouvais pas le nier, alors lentement tu finis pas sourire, en signe de reddition  

« D'accord...Mais t'auras intérêt à tout me raconter aussi ok ? »

Parce que ça ne changeait rien, c'était peut être ton tour de parler mais tu n'oubliais pas ton rôle pour autant, tu n'oubliais pas qu'avant tout ça tu étais celui qui écoutait.

« J'étais toujours à Chicago juste...pas vraiment dans les quartiers et les lieux qu'on a l'habitude de fréquenter, tu vois ? »

Et pour cause, avec Simon, avec votre petite bande habituelle, s'il vous arrivait parfois d'aller boire un verre ou deux, s'il vous arrivait parfois de boire le fameux verre de trop, vous ne fréquentiez pas les lieux où tu avais passé les dernières semaines, ces lieux où tout le monde est bien trop défoncé pour réussir à penser, où se réveiller auprès d'un inconnu n'est qu'une formalité.

« J'ai pas réussi une mission, je connaissais la victime et j'ai pas pu la tuer, c'est comme ça que ça a commencé »

Rien que d'y repenser, rien que d'en parler, les images, les sons, les odeurs de cette nuit là te revenaient en mémoire comme elles te réveillaient au milieu de la nuit, tu ne savais pas si on pouvait finir traumatisé par ses propres actions mais parfois tu te posais sérieusement la question, lorsque tu te réveillais en sueur après avoir ressenti à nouveau cette impuissance, lorsque tu sursautais en croyant entendre le bruit de cet ultime coup de feu que tu avais tiré, ce coup de feu qui avait tout brisé.

«  J'ai réalisé que je pouvais pas continuer à faire ça, que j'ai jamais été fait pour ça, mon père passait ses journées à me harceler d'appels pour m'engueuler, je savais pas quoi faire, c'était trop, juste trop et je connaissais qu'un moyen de plus ressentir ça »

De ne plus rien ressentir du tout en vérité, un seul moyen de s'anesthésier et un seul moyen de ne pas regretter le lendemain : Recommencer.

« Mais je suis allé trop loin cette fois, je suis désolé »

Cass & Simon

Simon, il n'avait pas eu à taper du poing sur la table. Il n'avait pas eu à empoigner Cass par le cou pour le faire parler. Simon, il reste calme, bien qu'il bouillonne depuis quelques jours à l'intérieur de lui. Cette femme, qu'il évoque à Cass, même si pour une fois, il ne se fait pas duper et dirige même la conversation vers les problèmes de Cass. Enfin, le brun, il attend ça depuis qu'ils avaient enterré le corps du gars que Cass avait tué. Enfin, le brun, il avait des réponses. Mais Cass, il ne lâche pas l'affaire pour les problèmes de Simon. Il était évident, que le brun raconterait ses problèmes, il ne pouvait pas les garder plus longtemps. « Ne t'inquiète pas pour ça, tu sauras tout, quand je saurais tout. » Un sourire s'affiche sur ses lèvres. Il est prêt, le brun à écouter la descente au enfer de son ami. Cass, il commence son petit discours et Simon, il est soulagé de l'entendre lui dire qu'il était toujours à Chicago, au moins, il n'avait pas déserté la ville, cette fois-ci. Il avait simplement choisi d'éviter les endroits qu'ils ont l'habitude de fréquenter. Simon, lève les yeux au ciel, en se demandant bien pourquoi il avait toujours ce besoin de fuir. Fuir ses amis. Simon, il pouvait tout entendre, il pouvait tout faire, rien ne l'arrête. Alors, Simon, il est un peu déçu du comportement du brun. Pourtant, Cass, il devait le savoir, que Simon était toujours là, pour lui. Même, s'il avait Veronika dans sa vie. Il aurait pris le temps, s'il n'avait pas fui. Le problème, tu le comprends bien vite lorsqu'il continue. Cass, il n'avait pas fait le boulot qu'on lui avait demandé de faire. Simon, il pousse un soupir tout en passant sa main dans ses cheveux. Qui devait-il encore tuer ? Il n'avait pas pu le brun, la tuer, car il la connaissait. Certainement, qu'elle devait être importante à ses yeux, pour qu'il ne puisse pas actionner la gâchette. Simon, il se lève de sa chaise lorsqu'il le voit sursauter, comme s'il venait d'entendre un bruit sourd. Sauf, qu'aucun bruit n'était parvenu aux oreilles de Simon. Il s'inquiète le Simon, se demandant si Cass, n'entend pas des voix lui aussi. Simon, il s'approche de son ami posant une main sur son épaule. Comme pour le soutenir. Ce n'était pas vraiment dans son comportement de faire des câlins, même aux femmes. Les seuls câlins qu'il accordait étaient à Elya. Bien sûr, il l'aime, Cass, mais il ne lui dira jamais. Alors, Simon, il l'écoute toujours, le soutenant à sa façon. Simon, il comprend bien vite en l'entendant s'excuser que ce qu'il avait entendu, que Cass avait fait une overdose était vrai. S'il était mort, Simon, il ne s'en serait certainement pas remis. Merde, heureusement qu'il était toujours là. « T'es pas fait pour quoi Cass ? Je peux te trouver un autre boulot facilement, si tu veux. » Les boulots au club, ça ne manque pas, ainsi que dans le gang. « La prochaine fois, tu m'appelles, ou tu viens me voir. Cass, je suis là, je pouvais me charger du problème pour toi. » Oui, Simon, ça ne le dérange pas de tuer une personne. Bien sûr, il sait que quand on connaît une personne, c'est difficile. Il sait aussi que parfois on a tout simplement pas le choix et qu'il faut faire un choix difficile pour sauver sa peau. Cass, lui n'avait pas réussi à le faire, mais Simon aurait pu le faire pour lui. « Le problème est réglé ? » Les clients ne devaient pas être très heureux de voir que leur victime n'était pas morte. Mais Cass, avait peut-être réglé le problème, sachant qu'il n'a pas l'air stressé par rapport à ça. « Cass, je fais quoi moi sans toi ? Déjà que John est mort, je ne veux pas te perdre aussi. Elya, ne le supportera pas et moi non plus. » Simon, il serait perdu sans lui, sans ses conseils. Il ne ferait que de mauvais choix comme ceux qu'il avait pris avec Vero.

Cass & Simon

En quelques mots tu étais de retour là bas, cette nuit là, en quelques mots tu te retrouvais à nouveau face à Damaris en train de lutter pour essayer de la tuer alors qu'elle tentait de te raisonner, en quelques mots tu te retrouvais à ce moment fatidique, ce moment qui avait tout fait basculer, ce moment où, désespéré, à bout de nerfs, tu avais saisi ton arme et tiré un ultime coup de feu dans le vide, dans sa direction mais sans tenter de la viser, la laissant s'échapper, ce moment où tu avais littéralement pu sentir tout ton ton monde qui s'écroulait, où tu t'étais senti te briser, là sur le sol poussiéreux d'un appartement quelconque de Chicago et ce ne fut que la main apaisante de Simon sur ton épaule qui te permit d'échapper à ces souvenirs, à ces flashback qui te hantaient depuis ton retour, qui te permit de te raccrocher à un morceau de réalité, te hisser pour revenir parmi les vivants, reprenant ta respiration comme si tu venais de manquer de te noyer, réussissant finalement à achever ton récit dans un souffle, ta fuite, ton overdose, ton retour, pudiquement résumés.
En un sens pouvoir enfin mettre les mots, pouvoir enfin en parler était salvateur, douloureux, difficile mais libérateur, ne plus avoir à te cacher de lui, ne plus avoir à le fuir ou à lui mentir...Tu te sentais même stupide en vérité, de ne pas avoir eu assez confiance en lui, assez confiance en toi en vérité, pour oser lui demander de t'aider, c'était plus d'un an de non dits et de secrets que vous étiez en train de briser. Alors lorsqu'il reprit la parole pour te demander ce que tu n'étais plus capable de faire exactement, te proposant même de te trouver un autre poste si ça pouvait t'aider, tu répondis aussi honnêtement que tu le pouvais.

« Pour tuer. Je suis pas fait pour tuer.»

Et tu ne l'avais jamais été en vérité, aussi étrange que cela puisse paraître, surtout à lui qui venait de passer des mois à enterrer les cadavres que tu semais quand la colère t'emportait, tu n'avais jamais supporté de tuer. Tu te souvenais encore précisément du visage de celui que tu avais dû abattre pour entrer dans le gang, ton premier meurtre lors de ton initiation à l'âge de 13 ans, tu n'avais jamais oublié les encouragements, le regard dur du chef sur toi, la main de ton père sur ton épaule et la tienne qui tremblait frénétiquement, le coup de feu, le cadavre à tes pieds, la nausée, la culpabilité, l'envie de pleurer et ce pendant 21 jours, le temps de s'habituer et parfois même après.

« C'était John qui s'en occupait quand c'était trop dur pour moi, puisque personne savait nous différencier »

Un léger sourire se dessina sur tes lèvres, l'ombre d'un sourire que Simon n'avait pas dû voir depuis bien trop longtemps, c'était probablement la première fois depuis sa mort que tu réussissais à prononcer son prénom, à parler de lui, sereinement, sans te mettre à pleurer ou te braquer immédiatement, tu espérais d'ailleurs que d'où il était, s'il était quelque part, il ne t'en voulait pas d'avoir trahis votre petit secret, toutes ces années à échanger vos places, à vous faire passer l'un pour l'autre que ce soit pour vous entraider ou juste pour vous amuser, tu espérais également que Simon comprendrait à mots cachés pourquoi tu n'étais pas allé le voir avant, parce que tu n'étais pas prêt à voir John être symboliquement remplacé.

« Le problème est réglé et je vais pas vous laiser, ça va aller maintenant, j'avais juste besoin de ce temps je crois »

Ce temps pour toi, ce temps pour creuser de plus en plus profond, encore et toujours, toucher le fond, frôler la mort, découvrir l'envie de vivre, te relever, ce temps pour guérir, te reconstruire, te retrouver.
Tu relevas les yeux vers lui, tu aurais aimé que dans ce regard il puisse réellement voir ce que tu ressentais, qu'il puisse peut-être voir enfin dans tes yeux le retour de l'ami qu'il avait eu si longtemps avant, qui avait sombré, qui s'était perdu mais qui était revenu.

« Je te le promets »

Cass & Simon

Il aurait dû le savoir, Simon. Il aurait dû faire plus attention à Cass, durant toutes ses années. Il aurait pu se douter que le brun il n'était peut-être pas capable de faire face à certains problèmes. Il lui pose une question, celle qui confirme ses craintes. Il n'est pas fait pour quoi le brun ? Il voulait l'entendre, l'entendre de la bouche de Cass. S'il n'avait pas tué la victime, s'il n'avait pas pu la tuer, il fallait que Simon connaisse le problème. Si c'était avant, ou alors si c'était à cause de la mort de John. Au final, son frère jumeau était mort par sa faute. Simon, il n'avait jamais vraiment abordé le sujet. Il tait simplement la vérité à sa sœur. Pour que cette histoire ne lui cause pas encore plus de peine. Pour qu'elle n'en veuille pas à Cass. Simon, lui, il ne lui en veut pas à Cass. Il aurait pu faire la même chose. Ça aurait pu être lui. Cass, il lui répond alors qu'il n'est pas fait pour tuer. C'est étrange, sachant que le brun, n'avait fait que semer la mort dans son sillage pendant les mois qui avaient suivi la mort de son frère. Il avait peut-être eu le déclic lorsqu'il avait vu celle qui devait tuer et qu'il connaissait. Cass, il lui indique aussi que c'était John qui parfois prenait la place de son frère jumeau pour finir le travail. Il n'en savait rien Simon. Il est carrément surpris, d'ailleurs. « C'était John ? Sérieux ? » Il réfléchit le brun. C'était difficile de différencier les deux jumeaux, ils étaient tellement identiques. Même Simon, il avait parfois du mal. Alors, si en plus, ils jouaient l'autre volontairement, c'était impossible de savoir qui est qui. Il n'y avait qu'Elya pour savoir qui était qui. Simon, il avait dû certainement avoir des conversations avec John en pensant discuter avec Cass et vice-versa. Pourtant, il n'aurait jamais imaginé que Cass ne puisse pas tuer quelqu'un, c'était son métier non ? John n'avait pas lui aussi, le courage pour en parler au brun. Ou alors, c'était simplement pour couvrir son frère, même si Simon n'aurait jamais vendu la mèche. Il est un peu déçu et triste Simon, d'avoir été mis ainsi à l'écart. Il ne pouvait pas comprendre le lien si particulier qui les unissaient. Simon, il remarque le sourire de Cass, depuis si longtemps, il ne l'avait pas aperçu. Il comprend alors, que l'ombre de son frère était toujours là, auprès de lui, tant qu'il tuait des gens. Simon, il resserre son emprise sur l'épaule de Cass et puis merde, il lui fait un câlin. Parce que le brun, il en avait besoin de ce câlin et Simon aussi. Simon, il se détache en lui demandant si le problème est réglé. À vrai dire, il n'avait pas la tête à régler un autre problème et il espère secrètement que c'est réglé. Le soulagement se lit dans ses yeux d'ailleurs lorsque le brun lui indique que tout était sous contrôle. Ses paroles le rassurent, il lui dit qu'il avait simplement besoin de temps et que maintenant tout irait bien, tout était redevenu comme avant. Un sourire s'affiche sur les lèvres de Simon, puis Cass, lui dit simplement qu'il lui promet. Il lui promet que tout irait bien. Pourtant, Simon, il sait qu'un jour, la mort de John reviendrait certainement sur le tapis. Il ne sait pas quand, mais tout secret est découvert un jour ou l'autre. « T'as intérêt, sinon, c'est moi qui te tue. » Ça lui fait du bien, de le voir se confier à lui, de le voir plus épanoui, moins renfermer sur lui. Il avait certainement réussi à faire son deuil et l'overdose qu'il avait fait lui avait ouvert l'esprit. Il espère que dans les années à venir, il n'attendra pas de frôler la mort pour se confier une nouvelle fois. « Tu peux t'occuper du fight club si tu veux. Il y a un petit nouveau, tu peux l'aider. » J.C, il était doué pour les paris et il s'occupe des combats illégaux dans le gang, alors Simon, il n'avait pas hésité à lui confier celui qu'il avait fondé dans son sous-sol. « Ça sera mieux que de tuer des gars derrière un bar merdique non ? » De nouveau, un sourire taquin s'affiche sur ses lèvres en repensant à cette nuit.

Cass & Simon

Pour tuer, je suis pas fait pour tuer.

C'était dit. Enfin. Après toutes ces années à le cacher, après toutes ces années à mentir, toutes ces années à tricher, tu venais enfin de révéler la vérité, ton plus grand, ton plus vieux secret.
Tu savais pourtant que Simon aurait mérité d'être mis dans la confidence, qu'il méritait ta confiance mais tu avais supplié ton frère de ne rien dire, du haut de tes treize ans, en larmes après ce meurtre qui avait signé le début de ta descente aux enfers, la conclusion d'un pacte avec le diable auquel tu étais destiné par ta naissance même, en larmes dans votre chambre d'enfant, le sang d'un innocent encore sur les mains, tu lui avais demandé de te remplacer et tu lui avais fait promettre d'emmener ce secret avec lui dans la tombe s'il le fallait. C'était ce qu'il avait fait.
Il était comme ça John, il tenait ses promesses, il gardait ses secrets, c'était probablement ce que tu admirais le plus chez lui, sa loyauté, pourtant en regardant Simon, en scrutant le visage de ton meilleur ami où se lisait une déception qu'il tentait de camoufler, tu regrettais, de ne pas avoir osé lui faire confiance, d'avoir eu peur d'être stigmatisé, vu comme le plus faible de la bande, celui que la violence, les meurtres dégoûtaient , qui ne se sentait bien que derrière l'écran de son ordinateur, toujours trop sage, trop raisonnable, responsable, ce que tu étais mais que tu haïssais, tu aurais rêvé d'être comme eux, d'être fort, tu avais fait semblant d'être comme eux, toutes ces années, le temps était venu de te réveiller.

« Oui, c'était John, pas à chaque fois mais... »

Mais en vérité presque à chaque fois tout de même, la totalité de tes meurtres devaient se compter sur les doigts des deux mains, et des deux pieds si on était généreux, chaque fois que tu essayais tu finissais dans un tel état, à enchaîner les insomnies jusqu'à ne plus distinguer le rêve de la réalité ou à dormir des heures piégé dans des cauchemars tels que tu te réveillais en hurlant, les ongles plantés dans les paumes des mains si profondément que tu en gardais encore aujourd'hui les cicatrices, que ton jumeau finissait par prendre ta place, parce qu'il ne pouvait pas supporter de te voir comme ça, parce qu'il avait bien trop peur pour toi, de ce qu'il se passerait si tu devais faire tout ça, tout seul, de toute évidence il ne s'était pas trompé.

« ...souvent quand même »

Tu avais ce sourire sur tes lèvres et les yeux un peu trop brillants en parlant de lui, c'était probablement la première fois depuis sa mort, la première fois depuis qu'il était parti que tu arrivais à le faire sans te braquer, sans partir en claquant la porte, sans chercher à te réfugier dans les drogues ou dans l'alcool pour fuir cette réalité, Simon avait dû le remarquer, ce sourire qu'il n'avait plus vu depuis tout ce temps, qui s'était volatilisé ce soir là quand il avait dû t'arracher de force au corps de ton frère, cette nuit affreuse qui vous avait tous un peu brisé, éloigné, du moins c'est ce que tu comprenais alors que la pression sur tes épaules se transformait en étreinte, alors que tu te retrouvais dans ses bras pour la première fois depuis de longues années déjà.

« Je suis désolé, je lui avais fait promettre de rien dire à personne, je voulais tellement être comme vous, j'aurais tout donné pour être comme vous...»

Mais tu ne l'étais pas et après avoir frôlé la mort, alors que tu approchais doucement des vingt-six ans tu te rendais bien compte qu'il était plus que temps d'affronter la vérité en face, tu serais éternellement un médiateur, un mec un peu trop calme qui bosse dans l'ombre et probablement, que ce n'était pas si grave, peut-être que tu pourrais juste accepter la main qu'il tendait vers toi pour une fois, peut être que tu pourrais prendre ce poste au fight club, gérer ces petits gars qui avaient tant besoin de ça pour extérioriser leur colère contre ce monde de misère qui s'offrait à eux, peut être que tu pourrais gérer ça le soir et recommencer à hacker la journée, peut être que tout pourrait bien se passer, pour une fois, après toutes ces années, peut être que tu devrais juste cesser de lutter continuellement contre ce que tu as toujours été.

« Je pense que je peux faire ça »

Cette phrase, c'était l'espoir d'une nouvelle vie, d'une autre vie, c'était une petite lumière au bout du tunnel, aussi lumineuse que le sourire qui ne quittait pas tes lèvres.

« Et il est très bien ce bar, c'est vous qui n'avez aucun goût »

Cass & Simon

La grande révélation tombe. Cass n’est pas fait pour tuer. Il ne l'a jamais supporté. Son frère jumeau prenant sa place pour effectuer les meurtres à sa place. Combien de fois John avait remplacé son frère ? Souvent, d’après Cass. Souvent, dans la tête de Simon, cela sonne comme un tout le temps. Il ne le juge pas. Il sait comme cela peut être difficile. Une simple habitude que Simon avait prise. Même si finalement, les meurtres lui pesaient parfois sur la conscience. Mais au moins, il n’avait pas la mort de l’un des siens sur la conscience. Il faisait ce qu’il devait être fait. Après, en étant gérant du club, il n’avait pas besoin de tuer. Simon, il avait la préférence de faire mal de toute manière. Il aimait voir le désespoir et la douleur dans les yeux des personnes qu’il n'aime pas. La mort, c’était beaucoup trop simple. Il faut qu’ils vivent avec leurs regrets. Son regard s’assombrit un instant pour se concentrer de nouveau sur son meilleur-ami. Il a ce besoin de tendre les bras autour de lui et de le serrer fort contre lui. Il aurait pu le perdre lui aussi. Il ne veut pas qu’il recommence toutes ses conneries. Simon, il essayera de veiller sur lui. Il essayera de prendre soin de lui. Il ne veut pas qu’il disparaisse une nouvelle fois. Qu’il tue de nouveau. Il ne veut pas le voir triste. John lui manque terriblement aussi. Parfois, il aimerait qu’ils soient de nouveau réunis tous les trois. Trainer dans les bars. Se lancer des défis stupides. Rire jusqu’au petit matin. Boire, jusqu’à la fermeture du bar. Une deuxième révélation de Cass tombe alors. Il aurait aimé être comme eux. John et Simon. Simon, il secoue la tête, tout en attrapant les épaules de son ami. « Comme nous ? Tu sais, c’est aussi dur pour moi de tuer une personne. Je ne suis pas un exemple. Loin de là. Je fais aussi des erreurs, alors heureusement que tu es différent. » Toutes les fois, où Cass avait fait l’intermédiaire pour éviter une situation compliquée. Toutes les fois, où il lui avait sans doute sauvé la vie. Heureusement qu’il était Cass finalement et qu’il n’était pas un mec comme lui. « Regarde, ce que je deviens quand tu disparais. C’est pitoyable. » Il lui montre son œil au beurre noir, avec son petit sourire accroché à ses lèvres. Tout ça, parce qu’il n’avait pas eu les conseils de Cass. Parce qu’il n’avait pas été là pour le contrôler.

Simon, il lui propose alors un autre travail. Un travail où il ne devrait pas tuer le brun. Il devrait certainement arrêter quelques personnes qui veulent s'entretuer, mais c'était tout de même mieux que de devoir tuer des cibles. Un large sourire s'étend sur les lèvres du propriétaire du club. Cass, il accepte sa proposition. Il peut le faire, Simon, il en est certain. Il aura certainement toujours un œil sur lui. Ce sera facile, sachant qu'il travaillera dans son club. Puis Simon, il fronce les sourcils. « Comment ça, j'ai aucun goût ? » Il avait peut-être raison le brun. Mais Simon, il avait du goût dans le choix de ses bars. Son propre bar n'était pas miteux et le sol ne collait pas vos chaussures. Le brun, il passe une main dans ses cheveux tout en poussant un soupir. Il devait certainement lui raconter, maintenant que son meilleur ami, c'était confié. Cette femme. Elle l'avait vraiment pris pour un con. « Je voyais une femme pendant un moment, mais elle se servait de moi, pour avoir des informations sur Kyle. » Kyle. Cet ancien membre de son gang, son ancien ami, un autre qui avait perdu la vie à cause du gang.

Cass & Simon

Tu aurais tout donné pour être comme eux. Tu ne l'avais jamais dit à haute voix jusque là, tu n'avais jamais osé l'avouer et pourtant c'était la vérité, tu ne devais pas avoir plus de trois ans quand tu avais compris que tu étais différent, te battre ne t'intéressait pas, te mêler aux autres non plus, toi tu étais ce petit gamin toujours dans son coin, toujours dans l'ombre qui intervenait quand les choses dégénéraient un peu trop, tu étais le médiateur, celui qu'on appelait pour être conseillé et peut-être bien que si tu étais né ailleurs, à un autre endroit, à un autre moment, peut être bien que si les choses avaient été différentes tu aurais pu t'en contenter, tu aurais même pu l'exploiter ce petit don que la nature t'avait donné, mais tu étais toi, tu étais Cass et de là d'où tu venais c'était la loi du plus fort qui dominait. A la maison ton père te reprochait constamment ta faiblesse, ta fragilité, parlait toujours de toi comme ayant des failles profondes dans ta personnalité, parfois quand il avait un peu trop bu, parfois quand il rentrait des bars miteux où il traînait pour oublier sa peine, pour oublier que sa femme avait décidé de se barrer et de le laisser avec deux gamins à élever, en titubant de pièces en pièces il répétait inlassablement à quel point tu étais comme elle, à quel point tu lui ressemblais, à quel point il te détestait et toi tu n'étais qu'un enfant, toi tu voulais seulement être aimé alors tu avais appris doucement, insidieusement à te détester, à te battre pour essayer de te transformer.
Entendre aujourd'hui Simon te dire que ta différence était une bonne chose, qu'ils en avaient besoin, lui, les autres, Elya, c'était comme mettre un terme à toutes ces années passées à lutter contre toi-même, c'était comme mettre un terme au cycle des abus et de la violence, c'était comme si symboliquement ton meilleur ami venait de te restituer le droit de vivre, ce droit d'exister que tu te refusais, c'était un sentiment d'une force indescriptible, qui dévastait tout sur son passage, tu doutais même qu'il comprenne ne serait-ce qu'un peu le véritable impact de ce qu'il venait de faire mais tes yeux brillaient si fort, les larmes coulaient de manière tellement incontrôlable le long de tes joues qu'il devait probablement s'en douter tout de même, tu avais envie de le remercier, encore et encore jusqu'à ce qu'il te dise de la fermer, mais les mots ne venaient pas, les mots ne sortaient pas de tes lèvres scellées, parce qu'un simple merci paraissait si faible, parce qu'il n'y avait aucun mot adapté alors tu essuyas simplement tes joues, tes yeux d'un revers de main, essayant de refaire surface, de reprendre le contrôle de cette situation qui t'avait complètement échappé.

« Tu me dois toujours des explications d'ailleurs »

Tu désignais son œil au beurre noir du doigt, tu n'avais pas oublié ce qu'il avait dit au début de votre conversation, ta mémoire était certes une catastrophe et complètement limitée mais pas à ce point, « tu sauras tout, quand je saurais tout » et le fait est qu'il savait maintenant, qu'il en savait même bien plus que ce qu'il demandait alors c'était ton tour d'en apprendre plus sur cette femme qui semblait complètement habiter ses pensées parce qu'il pourrait bien dire ce qu'il voulait ça ne lui ressemblait pas de perdre un combat parce qu'il n'était pas au maximum de ses capacité et l'explication tomba alors, te laissant sans voix : il voyait une femme mais elle se servait de lui pour avoir des informations sur Kyle

« Kyle ? »

Tu répétais un peu bêtement sans savoir quoi dire de plus pendant un instant.
Kyle, c'était un prénom que tu n'avais plus prononcé depuis bien longtemps et qui te faisait l'impression d'être un fantôme du passé, tu ne l'avais pas oublié mais la mort de John l'avait un peu éclipsé, c'était ainsi que les choses fonctionnaient dans votre monde, vous étiez si nombreux à tomber avant même d'avoir vraiment pu vivre que vous n'aviez qu'à peine assez de temps pour les pleurer, tu savais que bientôt quelqu'un d'autre mourrait, peut être toi, peut être lui, peut être un autre et John ne deviendrait à son tour qu'un morceau du passé.

« Pourquoi elle voulait des informations sur Kyle ? »

Et surtout comment avait-elle réussi à se servir de lui ? Tu connaissais Simon il n'était pourtant pas si facile à manipuler

Cass & Simon

Ouais, Kyle. Cass, il répète son nom après que le brun eût fait allusion à lui. Son ancien ami. Mort par le gang adverse. Mort beaucoup trop tôt comme John, comme une bonne partie des gangsters de cette ville. Vous étiez un putain de chanceux si vous n'étiez pas mort ou en prison avant vos trente-ans. Simon, il n'avait révélé qu'une seule petite phrase à son meilleur ami et c'était certain qu'il ne se contenterait pas que de ça. Il voulait tout savoir, Simon lui avait promis et on ne brise pas une promesse. Surtout pas à Cass. Maintenant qu'il l'avait retrouvé et que le brun lui avait confié enfin ses secrets, il ne voulait pas le perdre à nouveau pour une connerie. Surtout pas pour cette femme. Il lui avait fait assez de mal. Alors, quand Cass lui demande pourquoi elle voulait des informations sur Kyle, le brun, il se prépare à raconter son petit récit. Tout lui dire. Enfin, ce qu'il sait. « Parce qu'il lui aurait sauvé la vie. Tu sais, Kyle, c'était un saint. Il m'avait parlé d'une femme à l'époque où il s'était tiré de Chicago. Il l'a aidé, il l'aimait. Je crois bien que c'est elle. En tout cas, elle avait son briquet. » Pour toute prochaine question de la part de Cass, Simon, il sort le briquet de sa poche. Celui qu’il avait pris à Veronika. Tel un trophée, il avait bien l’intention de le garder et de ne jamais lui rendre. Elle ne le mérite pas, c’est ce qu’il lui avait dit ce soir-là et c’était toujours ce qu’il pensait. Ce briquet, c’était Simon qui lui avait offert. Il lui revenait de droit. Elle n’avait pas à s’approprier cet objet. Son regard s’assombrit, cette femme l’avait vraiment pris pour un con. C’était sa petite vengeance. C’était évident, ce briquet, il a une signification pour elle. C’était un souvenir cher à ses yeux. Simon, il est égoïste sur le coup, mais c’était tout ce qu’il avait trouvé pour lui faire du mal. En tout cas, il savait qu’il ne lui avait jamais rien dit de compromettant. Enfin, Simon, il a sa fierté. Il n’avait pas envie d’être un pantin, même pour une femme. Cette femme, elle le rend fou. Littéralement fou. Dans tous les sens du terme. Il fait danser la flamme devant ses yeux, une nouvelle fois. « Ne t’inquiète pas, elle ne sait pas pour le gang. Elle sait simplement qu’il est mort. » Comme tant d’autres, comme John. Pas besoin de rentrer dans les détails. Tout ce qu’elle voulait savoir, c’était ça non ? « C’est tout ce qu’elle a besoin de savoir. » Amer, il crache presque ses paroles. Elle le savait la brune. Elle le savait déjà en entrant dans le club de Simon. Pourtant, elle avait besoin de cette confirmation. Elle n’avait simplement pas pensé à lui demander simplement. Mais comment aurait-il réagi ? Il l’aurait sûrement envoyé se faire foutre. Elle avait préféré le séduire. Simon, il ne peut taire cette attirance qu’il a pour elle. C’était bien. C’était bon. Purement physique. « C’était que physique. » Sa peau contre la sienne. Il n’y a pas d’amour entre eux, il n’y aura jamais. Ils sont voués à se détruire mutuellement s’ils continuent à se fréquenter. Pourtant, Simon, ça l’excite. Il a cette envie au creux de son ventre qui lui crie d’accepter ses excuses si elle se pointe au club une nouvelle fois. Il ne veut pas craquer mais il ne pourra sûrement pas y couper. Cette attraction est forte, beaucoup trop pour le brun. « J’espère simplement, qu’elle ne remettra pas les pieds dans mon club. » Il referme le briquet d’un petit coup sec, tout en fixant dans les yeux son meilleur-ami.