Alec était prêt à s’entrainer avec sa partenaire, à vrai dire, en dehors des nombreux « afterwork » de l’équipe, ça faisait partie de ces moments préférés de la journée. Lorsqu’on était policier, terminer la journée autour d’une bière après le boulot était monnaie courante, c’est ce qui leur permettait à tous de décompresser avant une nouvelle journée de travail qui amènerait aussi son lot de stress le lendemain. Pour lui, un bon entrainement au combat avec sa partenaire était également libérateur, lui permettait d’évacuer le stress tout en passant un moment privilégié avec sa partenaire. Dans certaines situations de combat il était…au corps à corps, on peut le dire, et le policier n’aurait renoncé à ces « contacts » pour rien au monde. Ils s’entrainaient en opposition au combat et Alec devait bien reconnaitre qu’à ce jeu là les deux co-équipiers jouaient à armes égales et que le score était serré. Certes Alec jouissait d’une plus grande force mais avec sa vivacité et son jeu de jambes fluide, Lynn parvenait à retourner sa force contre lui. Le flic avait son ego et ils disaient à ses collègues qu’il ne comptait pas les points, être tenu en échec par une femme n’était jamais simple pour un homme.  Malgré tout le respect qu’il avait pour les femmes, Alec restait un homme avec l’orgueil masculin qui accompagne cette qualité. Heureusement pour lui, Lynn avait la délicatesse de ne pas le chambrer avec ça en public, ou du moins pas avec ceux qui n’étaient pas suffisamment proches d’eux pour pouvoir leur faire confiance. La salle était vide à l’heure du déjeuner et c’était le moment qu’ils préféraient pour leur entrainement, quitte à avaler ensuite un sandwich sur la route lors d’une planque ou devant leur ordinateur. L’endroit n’était pas d’un romantisme fou, la salle sentait la transpiration et le détergent mais au moins, ils étaient tranquilles. De toute façon, ils n’étaient pas là pour un rendez-vous galant et il était hors de question de montrer quelconque signe de tendresse au commissariat. Tant que leur relation n’était pas officielle - ni officieuse d’ailleurs - mieux valait ne pas donner de l’eau au moulin des langues bien pendues. Pour ne pas perdre de temps, il s’échauffa et donna quelques coups dans le sac de frappe en attendant l’arrivée de Lynn. Il s’interrompit lorsqu’il vit la jeune femme débouler dans la salle.

Le flic connaissait sa partenaire par cœur, il repérait tout de suite, à sa démarche et à son regard sombre que quelque chose n’allait pas, elle semblait contrariée. A l’image de son père adoptif, Lynn Fedra O’Callaghan de donnait pas dans le chichi, ça faisait partie des choses qu’il aimait chez elle. Elle n’était pas de ces femmes qui tournent autour du pot, lorsqu’elle avait quelque chose à dire ou des pendules à remettre à l’heure, elle le faisait. C’est de cette façon qu’elle avait réussi à se faire respecter dans un milieu aussi masculin et machiste que la police et c’est ce qui l’avait impressionné chez elle. « Alors, prête à en découdre ? Je te préviens cette fois c’est moi qui vais gagner » , lança-t-il pour la défier « Celui qui perd paie un verre à l’autre ! » ,  Ils avaient l’habitude de mettre en jeu un petit quelque chose pour se motiver et rendre le combat plus excitant. A en juger par le regard noir de sa co-équipière, il pressentit pourtant que c’était lui qui allait passer un sale quart d’heure.