Après une longue journée ponctuée de consultations en tout genre, Edward avait envie de se changer les idées et de sortir un peu. En partie, du moins. Car quand il se rendait dans un bar, ce n’était jamais par hasard ni pour les mêmes raisons que toutes les personnes présentes. Se saouler ne l’intéressait pas. Rencontrer quelqu’un pour passer la nuit avec lui non plus. Non, ce qui l’intéressait, c’était de trouver une proie potentielle. Voilà plusieurs mois qu’il n’avait pas assouvi ses pulsions meurtrières, qu’il n’avait pas ramené une innocente victime chez lui pour la torturer avant de lui ôter la vie. Il fallait dire qu’il essayait d’être prudent. S’il commettait trop de meurtres en peu de temps, il finirait par trop attirer l’attention sur lui. Néanmoins, il sentait que le moment était proche. Il était encore en train de débattre avec lui-même pour savoir s’il s’attaquerait à l’une de ses patientes ou à quelqu’un dans un bar comme celui-ci, une personne parfaitement inconnue. Car il avait quelques patientes qui vaudrait certainement la peine. Vulnérables, crédules, naïves. Oui, la majorité étaient des femmes et quelques-unes d’entre elles avaient attiré son attention et éveillé son intérêt. Comme cette femme, assise seule au bar après que son amie ou qui que ce fût soit partie. Cela faisait un moment qu’il était là et qu’il l’observait de loin, un verre de whisky dans la main.

Du coup, lorsque Veronika se retrouva seule, il y vit l’opportunité de l’approcher et d’évaluer son état, de déterminer si elle pourrait éventuellement faire l’affaire. Muni de son plus beau sourire, il avança donc vers la jeune femme. « Veronika ? » Il feignait la surprise, alors qu’il savait pertinemment qu’elle était là. « Je ne pensais pas vous trouver ici. Puis-je me joindre à vous ? » Oui bon…il savait qu’elle avait des soucis et que si on la cherchait ces jours-ci, on avait des chances de la trouver dans un bar comme celui-ci. « Rassurez-vous, ce soir, je ne suis pas ici en tant que médecin. » Il avait sciemment utilisé le terme « médecin », voulant ainsi éviter de potentiellement mettre la jeune femme mal à l’aise en faisant savoir aux personnes alentours qu’elle voyait un psychologue. Il vida son verra qu’il avait déjà bien entamé tout à l’heure et s’apprêta à en commander un autre. Mais avant, il se tourna vers Veronika. « Je vous offre un autre verre ? » Une fois sa réponse obtenue, il passa commande, puis garda le silence un moment, le temps de balayer la pièce du regard. Il n’avait jamais vraiment compris l’intérêt de se mélanger ainsi à tous ces gens et de se saouler au point de ne parfois plus savoir ce qu’on faisait. Il aimait boire un ou deux verres de temps à autre, mais ça s’arrêtait là. Il aimait rester lucide en toutes circonstances.

« Pardonnez ma franchise, mais…vous n’avez pas l’air dans votre assiette. Si vous avez besoin ou envie de parler, je pense pouvoir vous prêter une oreille. » Il lui adressa un petit sourire tout à fait charmant avant de poursuivre. « En tant qu’ami. » Ami ? Ils n’étaient pas amis, il le savait très bien. Mais c’était une façon de parler.