Connor ne travaillait pas aujourd’hui – sauf s’il y avait une urgence, ça allait de soi. Du coup, il avait décider de s’occuper de sa prochaine vidéo, ou plutôt de la prochaine vidéo de son chat, Batman. Ben n’était pas là et quand il y réfléchissait, Connor se rendait compte qu’il ne savait souvent pas où allait son fils ni ce qu’il faisait. Il supposait toujours qu’il était en cours ou chez des potes. Bah… il l’avait retrouvé il n’y a pas longtemps, il ne voulait pas déjà passer pour le père qui contrôlait les moindres faits et gestes de son fils et qui l’appelait vingt fois par jour pour savoir où il était et avec qui il était. De toute façon, il ne savait même pas comment faire pour être un bon père. Ben avait grandi sans lui pendant vingt ans, tandis que son lâche de père s’amusait à passer de conquête en conquête tout en s’évertuant d’oublier cet enfant qu’il avait abandonné avant sa naissance et de faire taire cette culpabilité qui le rongeait. En fait, il pouvait s’estimer chanceux que Ben l’air retrouvé et surtout qu’il ne lui en veuille pas. Ou plus. Dans tous les cas, Connor aimait ce gamin, il s’était rapidement attaché à lui et à présent, il n’imaginait plus du tout sa vie sans lui. Mais il n’était pas question de Ben, là. Il était question de Batman ! Une fois n’était pas coutume, il avait eu une idée de vidéo complètement débile, mais ça semblait plaire aux gens, alors pourquoi arrêter ou prendre une autre direction ? « Tiens-toi tranquille, Batman ! » Parfois, le chat se montrait très docile et se laissait faire et parfois, il n’en avait pas envie et donnait du fil à retordre à Connor qui essayait juste de lui enfiler une petite cape et de lui faire faire des scènes devant un petit décor qu’il avait lui-même construit. Oui, oui, parfaitement.

Il parvint enfin à mettre la super cape à son chat et s’apprêta à tourner la première mise en scène lorsqu’il sursauta littéralement en entendant des coups à la porte. Pas un coup. Ni deux. Ni même trois. Non, quelqu’un tambourinait littéralement à la porte comme si sa vie en dépendait. Et ce quelqu’un avait fait peur à Batman qui s’était réfugié sous un meuble sans demander son reste. « Oh, fait chier ! » Il poussa un soupir alors qu’on continuait à maltraiter sa porte. « J’ARRIVE ! » Il espérait néanmoins que ce n’était pas vraiment une urgence. Peut-être qu’Abigaël avait des problèmes. Peut-être que l’un de ses voisins avait une urgence. Tout était possible. Alors, au lieu de continuer à râler, Connor se dirigea vers la porte et l’ouvrit à la volée, se retrouvant en face de Ren. Il ne s’était pas attendu à lui, mais finalement, ouais, c’était bien un truc qui lui ressemblait. Tambouriner aux portes. « J’espère que t’as une bonne excuse pour avoir maltraité ma porte et fait peur à Batman. » Il se décala pour laisser entrer le jeune homme et ferma la porte derrière lui. « Qu’est-ce qui se passe ? T’es venu jusqu’ici pour me dire que tu viens de rencontrer le meilleur coup de ta vie ? » Il le taquinait, comme souvent. Mais au fond, il espérait tout de même qu’il n’y avait rien de sérieux. « Mais sérieux, mec ! Tu m’as fait peur ! » L’amitié entre ces deux-là était tout de même assez improbable, déjà à commencer par leur âge. Ren n’était qu’un peu plus vieux que Ben, après tout. Certes, ça ne voulait rien dire au fond, mais ça montrait bien que Connor préférait nettement la compagnie de personnes plus jeunes que de gens de son âge. Les quadragénaires étaient tellement chiants pour la plupart, avec leur mariage parfait, leur maison parfaite, leurs gosses, leur chien et leur jardin. Comment ça, c’était cliché ? « Tu veux boire quelque chose ? » Ne pas oublier la politesse. Très important !

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