Neil vivait dans la rue depuis presque un an maintenant, il avait pris certaines habitudes pour vivre, et surtout survivre. Il avait volé plusieurs couvertures aux maisons du coin pour pouvoir se tenir chaud, les soirs où il faisait particulièrement froid. Il n’avait pas eu de travail depuis quelques temps, de ce fait, il n’avait plus un seul sous en poche. Il n’avait d’autres choix que de voler dans les magasins pour se nourrir. Il n’avait pas les moyens de se payer l’accès internet que proposait la ville, donc pas de moyens de pirater les caméras de surveillances du magasin du coin. Le jeune homme avait déjà échappé à la prison grâce à un avocat qu’il avait eu. l avait plaidé sa cause comme jamais personne ne l’avait jamais fait. Pour une fois, il s’était senti quelqu’un, et il était triste de devoir recommencer à voler pour manger. Il ne voulait pas décevoir cet homme qui avait pris la peine de le défendre, néanmoins, il n’avait pas le choix. Il avait déjà sauté plusieurs repas, et comme l’hivers approchait, il ne voulait pas maigrir, et prendre le risque de tomber malade, il n’aurait pas les moyens de se soigner. Neil pénétrait dans le magasin. Il se faisait aussi discret que possible, et il n’avait pas vraiment de problème pour y arriver. Il avait pour habitude d’être invisible. Il préférait qu’on ne le remarque pas. D’ailleurs, si on le croisait, personne pourrait dire qu’il était sans domicile fixe, il s’arrangeait toujours pour avoir des habits propres, voler dans une laverie du coin, de quoi se raser, et surtout, il ne faisait pas la manche, il ne voulait pas de la pitié des gens, ou supporter leur regard qui le jugeait. Ils ne savaient pas ce qu’il avait vécu, alors, il n’avait pas besoin de leur jugement. Le garçon connaissait le magasin par coeur, il savait où était chaque caméra, où était chaque angle mort, où était chaque vigile. Autrement dit, il était prêt pour ne pas être vu. Les seules choses dont il devait prêter attention, c’était les autres clients, c’était de cette façon qu’il s’était fait pincer la dernière fois, un gars l’avait vu faire, et l’avait immédiatement dénoncé. Le directeur ne lui avait pas laissé le temps de s’expliquer, il avait appelé la police, et rapidement, il s’était retrouvé au poste de police. Il n’avait rien vu venir. Il n’aurait jamais pensé que les choses puissent dégénérées de cette façon. Heureusement, le directeur n’était plus le même, sinon, il n’aurait pas franchi les portes aussi facilement. Son bonnet ne le cachait pas de tout. Neil se déplaçait dans les rayons, il récupérait un sachet de pâtes qu’il cachait dans la doublure de la veste qu’il avait volé le matin même. Le sachet de pâtes lui ferait la semaine. Il se déplaçait discrètement pour se rendre aux rayons gel douche. Oui, certains trouveraient cela bizarre. Cependant, lorsqu’il lui restait quelques dollars en poche, il allait à la piscine du coin, juste pour prendre une douche. Il tentait toujours de paraître propre au cas où on le contactait pour du travail. Même si, cela se faisait de plus en plus rare, et de ce fait, il avait de plus en plus de mal à rester propre. Cela lui faisait honte, mais il n’avait pas tellement le choix. Ses parents l’avaient déshérité dès qu’ils avaient appris son homosexualité. Son ex copain ne lui avait pas laissé un seul sous. Et l’argent qu’il avait mis de côté de ses précédents emplois étaient parti en seulement quelques mois.

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Il y a bien des tâches ingrates dont l'on peu s'exonérer. Comme se faire couler un café, demandez le à la secrétaire. Se chercher un sandwich. Demandez le à la secrétaire. Appeler maman pour la prévenir qu'on aura du retard au dîner. Demandez à la secrétaire. Mais aller jusqu'à lui demander de remplir son frigo, ce serait peut-être abuser de ses compétences. Quoique même sur ce point, Julian se demandait encore si elle en avait au moins une. C'est donc d'un pas nonchalant, et à moitié affalé sur son cadis, qu'il passait les portes du centre commercial. Déjà agacé du bruit environnant, il se cachait derrière ses lunettes teintées, tout en se frayant un chemin dans les rayons. Les noisettes de ses yeux passaient d'une marque à l'autre, alors qu'il se demandait encore pourquoi y avait-il autant de marques de shampoings. Cheveux secs, ternes, anti-pelliculaire... Existait-il juste un shampoing pour se laver ? Relevant légèrement ses lunettes pour voir les petites écritures sur le packaging, il ne faisait pas grand attention à son entourage. Pourtant, à deux pas de lui, les gestes furtifs et étranges de son voisin attirèrent ses suspicions. Discrètement, il ne tournait que ses yeux vers lui, remarquant qu'il y avait là, à ses côtés, un gamin qui semblait cacher minutieusement quelque chose sous sa veste. Un gamin qui ne lui était d'ailleurs pas inconnu. Laissant ses lunettes retomber sur son nez, les souvenirs lui revenaient bien vite en tête. C'était le petit Collins. Il lui avait éviter des travaux d’intérêts généraux et peut-être même deux semaines de prisons pour vol. Peut-être qu'il aurait mieux fait de rater sa plaidoirie, le gamin en aurait tirer des leçons. Parce que visiblement, il n'a pas arrêté cette mauvaise manie.

Neil s'éloignait vers les rayons épicerie. Julian laissait donc tomber le shampoing dans son chariot, et se mit à le suivre discrètement, de loin, tout en jetant quelques articles dans son cadis, tout le long de son chemin. Neil semblait faire de belles emplettes, qu'à l'évidence, il ne comptait pas régler. Tout ce qui passait entre ses doigts, finissait sous sa veste. Ce qui intriguait tout de même Julian, c'était le choix de ses articles. Habituellement, les voleurs embarquent des bijoux, ou tout du moins, des objets de valeurs à revendre. Neil lui, avait prit du shampoing, des pâtes, des trucs qui permettent à un étudiants de survivre tout en dépensant le moins possible. Quand on vole pourtant, on se fiche de la note non ?

Il se dirigeait vers la sortie sans achat. Pour notre justicier non-masqué, c'était un peu trop que de lui demander de fermer les yeux. Pourtant, plutôt que de prévenir le vigile qui dormait à moiti contre un poteau du magasin, il avait garé son cadis dans la file d'une caisse, et d'un pas plus rapide, avait rattraper Collins. Ses doigts s'étaient refermés sur le bras du jeune homme, avec une certaine poigne, et sans dire un mot, il l'entraînait vers son chariot. Personne ne semblait vraiment s'inquiéter de son geste, l'ayant probablement prit pour le père du môme.

Une fois devant son cadis, il relâchait son emprise sur le voleur, et se permettait de tapoter son torse, faisant résonner les objets voler qui se cachaient sous sa veste. « Le vol, c'est comme la cigarette, ou les chips. T'en prend un, t'en veux plus. Je croyais que t'avais retenue la leçon. » Soupirant, mimant une profonde déception, en espérant toucher Neil, il commençait à se pencher vers le fond de son chariot pour poser ses achats sur le tapis roulant de la caisse. « Tu sais ce qui arrive à tous ces types qui passe par la case prison ? Moi maintenant, je me sens un peu coupable, je t'ai évité ça, j'avais confiance, et finalement, rien n'est rentré dans ta petite caboche. » Il avait donné une petite tape sur le front de Neil au passage. Et une fois que son cadis fut vidé, il invitait Collins à rajouter ses articles sur le tapis, d'un geste de la main. « Donne ton bordel avant que j'ai encore à plaider pour toi. Ma journée est finie et j'aimerais franchement passer ma soirée devant ma cheminer plutôt qu'au tribunal. » La caissière les saluait alors, ne se doutant de rien. Julian lui rendait un franc sourire, s'avançant pour remettre ses achats scannés dans les sacs en papier puis dans le chariot. « Tu pourrais dire bonjour à la dame Junior, ce n'est pas comme ça que je t'ai élevé. » Il roulait des yeux devant la caissière, mimant un père agacé devant le comportement de sa progéniture. « Excusez mon fils, vous savez, les crises d'adolescence. » Il en avait sûrement passé l'âge, mais lui rappeler qu'il était jeune et avait encore beaucoup à apprendre lui ferait probablement du bien. Laissant la caissière scanner les articles que Neil avait tenté de voler, il les rangeait avec les siens, et tendait sa carte de crédit pour régler le tout. S'il passait pour le bon héro du jour, il n'en attendrait pas moins de sérieuses explications une fois dehors.

Le garçon tentait d’être le plus discret possible, parce qu’il avait vraiment besoin de tout ça, et il n’avait pas envie de finir en prison, même en toute logique, au moins, il aurait un toit. Il s’apprêtait à partir par la sortie sans achat, lorsqu’une poigne solide s’agrippait à son bras, il se retournait aussitôt vers la personne, son coeur battait rapidement, il pensait que c’était fini, que le vigile l’avait repéré. Il fut surpris de se retrouver devant un chariot, qui appartenait à… à Julian Dorner, son avocat, ou ancien avocat. Il eut la décence de rougir violemment au sermon de ce dernier. Il aurait bien aimé lui dire que ce n’était pas par gaieté de coeur qu’il le faisait, mais juste parce qu’il en avait vraiment besoin. Il baissait la tête lorsqu’il lui disait qu’il aurait mieux fait de le laisser aller en prison, et qu’il le décevait. Il en avait assez de décevoir les gens, toutefois, il ne pouvait pas faire autrement. Il avait déçu ses parents parce qu’il était gay, et donc fils de satan à leurs yeux, il décevait la personne qui l’avait défendu, mais parce qu’il n’avait pas d’autres moyens. Lorsque l’homme l’intimait de mettre ses affaires à la suite de ses courses, il le fit. Il osait à peine prendre la parole. “Merci.” Ce fut la seule chose qu’il était capable de dire. Bien sûr, il avait écouté ce que l’homme lui avait dit, néanmoins, il ne savait pas quoi rajouter de plus. Lorsqu’ils arrivaient en bout de fil pour payer les courses, Neil allait dire bonjour à la caissière, cependant, il n’eut le temps de le faire que déjà Julian lui faisait la réflexion qu’il pourrait être poli, il avait beaucoup de défaut, mais, pas celui-là, il relevait le regard vers Julian. “J’allais le faire avant que tu me dises de le faire, j’ai retenu les règles de savoir vivre.” Dit-il en levant les yeux au ciel, il avait beau être reconnaissant que Julian ait payé ses affaires, d’une part cela le mettait mal à l’aise, car il n’aimait pas dépendre des gens, d’autre part, ça ne donnait pas le droit à l’avocat de l’humilier. Il l’était suffisamment tous les jours, pas besoin de l’être encore plus. Il ne savait pas comment réagir lorsque le gars l’appelait son fils. Il savait qu’il avait deux enfants de deux ou trois ans de moins que lui. Cependant, lui, il avait clairement oublié ce que c’était une famille. Il reprenait ses affaires lorsqu’il les avait mis dans les sacs en papier, avant de sortir du centre commercial avec Julian. Il n’allait pas partir comme ça non plus. “Je vous remercie pour ce que vous venez de faire pour moi monsieur Dorner, mais s’il vous plaît la prochaine fois, ne me faites pas passer pour un putain de gamin ingrat.” Il s’attendait néanmoins à ce que l’homme ne le laisse pas partir comme ça, il savait bien que dans le magasin Julian n’avait pas voulu attirer l’attention sur eux, par contre, maintenant, qu’ils en étaient sortis, il était probable que cela allait changer. Il n’avait pas reçu d’engueulade depuis…. En fait, il n’en avait jamais reçu. Puisqu’il était parti de chez lui à ses quinze ans. Le garçon attendait donc la sentence arrivée. Et le pire, c’était qu’il n’était même pas sûr qu’il pourrait lui donner la véritable raison de ses agissements. Il n’en avait jamais parlé à personne, même le frère de son ex avec qui il s’entendait bien ne savait où il vivait. Peut-être qu’il pouvait faire une exception pour son avocat. Il verrait bien, déjà, il fallait que l’avocat s’intéresser à la raison de ses agissements, et ça, ce n’était clairement pas une obligation. Après tout, Dorner avait dû certainement voir beaucoup de cas, alors peut-être que son histoire n’avait pas de grand intérêt pour lui.

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Julian aurait put afficher une profonde fierté, de lire sur le visage du petit voleur, une certaine honte, traduite par la rougeur de ses joues. Au lieu de ça, il se contentait de le suivre des yeux, analysant ses réactions comme il le fait à chaque client. Cherchant à percevoir le mensonge de la vérité. C’était justement là, le plus étrange avec Neil. Il n’avait pas l’air rassuré qu’on lui paît ses courses, il ne laissait paraître aucune fierté dans son vol. Il y avait là, non pas du larcin par plaisir, ou pour revendre, mais bien pour la survie. A en juger ses achats et son attitude, il avait juste besoin de survivre, rien d’autre. Peut-être qu’il prendrait mal l’acte de Julian, qui pouvait passer pour de la pitié. Mais il n’en n’était rien. L’avocat espérait juste lui faire comprendre que bien que ses raisons soient bonnes, le vol restait illégal, et qu’en revanche, il avait des associations pour aider les gamins comme lui. C’est toujours difficile à accepter, qu’on a besoin d’aide. Peut-être qu’il parviendra pourtant à le lui faire comprendre.

Ha, une soudaine rébellion. Neil était rentré dans son jeu, du père et du fils, face à l’hôtesse de caisse, qui ne se posait pas même une seule question. Avait-elle posé ses yeux une seule fois sérieusement sur eux ? Elle se contentait de scanner leurs achats, d’un geste répétitif, les yeux fixés sur son écran, avec ennuis. A en juger son maquillage travaillé, et ses fringues tendances, elle rêvait à l’évidence, d’une tout autre vie. Actrice, mannequin, ou épouse d’homme riche. Il était même certain qu’elle s’en faisait des films pendant que ses mains scannaient machinalement les achats des clients. Mais c’est au son de la voix de Neil que Julian étirait un sourire, en coin de ses lèvres, oubliant presque l’existence de la pauvre femme. « Ravis de l’entendre, j’en avais quelques doutes. » Répliquait-il. Parce qu’à première vue, Neil ne semblait avoir retenu aucune règle. La politesse oui, il l’avait depuis tout petit. Jamais il n’avait manqué de respect à Julian dans le passé. C’était d’ailleurs ce qui avait frappé l’avocat, habitué à défendre des types ingrats, incapable de le remercier, ni même de le saluer au début d’un rendez-vous. C’était là toute la contrariété du garçon. Il vole, comme un délinquant. Mais il s’excuse, et n’est jamais à l’aise dans ses actes.

Une fois dehors, Neil tentait sa défense, alors que poussant le chariot, Julian souriait bien amusé de la scène qu’ils avaient offert à la caissière pourtant peu attentive. « Mais c'était amusant. » Il s’arrêtait devant le coffre de sa belle voiture, la déverrouillant pour l'ouvrir, et commencer à y entasser les sacs de nourritures. Il y avait de quoi survivre un bon mois là dedans, mais s’étant concentré sur Neil plus que sur ses courses, il ignorait totalement ce qu’il avait acheté. Entre autre, un paquet de serviette hygiénique ? Très utile pour un homme célibataire. « Allez, aide moi à ranger tout ça. » Il ordonnait presque, bien que son ton soit plutôt amical et toujours amusé. « Je croyais que tu avais retenue la leçon la dernière fois. » Continuait-il, alors qu’il déposait un dernier sac dans le coffre. Il refermait celui-ci, et reposait toute son attention sur Neil. « La prison, c’est pas pour toi. Alors pourquoi recommences-tu ? » Il avait beau connaître la réponse, il espérait au moins que le petit le reconnaisse. Il connaissait des associations et des personnes capables de l’aider. Il y en avait plein. Mais s’il ne voulait pas être aidé, il ne pourrait pas grand-chose pour lui. Il ne pouvait pas le traîner de force là bas. Il pouvait lui offrir un dîner chaud, mais ça servirait à quoi ? Ce soir il ne ferait rien de mal, mais demain, il irait voler pour manger à nouveau. C’était bien dommage qu’il ne connaisse pas son histoire. Ce gamin avait traversé des trucs, et il aurait aimé qu’il en parle, pour pouvoir l’aider au mieux. Pourquoi avait-il honte de son passé ?

Neil ne savait pas comment se comporter avec Julian. Certes, il n’était pas fier de ce qu’il avait fait, il le regrettait, en fait, il le regrettait à chaque fois qu’il volait, cependant, il n’avait pas le choix. Il savait que les garçons de son âge ou les autres qui volaient en général volaient par pur plaisir, et des choses de grandes richesses, Neil lui prenait juste le nécessaire pour survivre. Il était presque sûr que c’était tellement insignifiant que le caissier ne s’apercevait même pas qu’il manquait des objets. Neil levait le regard vers Julian à sa réflexion avant de lever les yeux au ciel, comme le ferait un gamin rebelle. La politesse, il connaissait, il trouvait ça malsain les gens qui en manquaient. Et ce n’était pas parce qu’il volait qu’il avait été mal élevé, loin de là, croyez bien que dans une famille catholique, on avait plutôt intérêt à être poli, sinon, le seigneur vous faisait comprendre votre douleur. A bien y réfléchir, peut-être que Neil avait été impoli avec quelqu’un un jour et que le seigneur se vengeait. Heureusement pour lui, il n’était pas croyant, de toute façon, il savait qu’il aurait le droit à l’enfer. Eh puis, il ne voyait pas comment Dieu pouvait exister, peut-être bien qu’il l’aurait aidé s’il était si bon que ça le bonhomme non ? “Eh bien, je peux t’assurer, qu’il n’y a pas de doute à avoir. Je crois que tu me l’as répété trop de fois pour que j’oublie la politesse.” Assure-t-il. Il aidait ensuite Monsieur Dorner à ranger ses courses dans le chariot puis, il le suivait jusqu’à sa voiture où encore une fois, il l’aidait à ranger les courses. Il hochait la tête, oui, c’était amusant, en fait, il devait bien avouer que ce genre de situation, il aurait beaucoup aimé les vivres avec son père. Néanmoins, même n’avait pas été gay, et accepté de sa famille, il n’aurait jamais fait les courses avec son père, son père avait toujours eu honte de lui, pour une raison inexplicable. Il tournait le regard vers Julian, il se mordait la lèvre comme il le faisait souvent lorsqu’il était gêné. Il ne savait pas quoi répondre. Il soupirait doucement avant de finalement prendre la parole. “Si j’avais d’autres choix, je ne le ferais pas.” Avoue-t-il, il passait un main dans ses cheveux avant de tourner le regard vers Julian, il savait que l’avocat aurait aimé connaître son histoire, même en étant son avocat, il n’avait pas eu toute l’histoire, en fait, il n’avait eu aucune partie de l’histoire. Julian savait juste de lui qu’il volait. Et à l’époque cela lui suffisait. Cependant, il avait cette impression qu’il pouvait faire confiance à Julian, qu’il n’était pas la personne qui le jugerait. Il avait des enfants après tout, alors peut-être qu’il serait la personne la plus susceptible de l’aider. Mais est-ce qu’il ne ferait pas comme ses parents ? Ne le rejetterait-il pas lui aussi en apprenant qu’il était gay ? A force Neil n’avait plus foi en l’humanité, il n’avait plus envie de faire confiance. Surtout, lorsqu’on savait où cela l’avait amené. Il ne pouvait pas se rendre aux associations, parce que là encore, il y avait la méfiance. Cela était stupide. Les associations n’étaient pas là pour faire du tort, mais le garçon avait appris dès son plus jeune âge à se débrouiller pour lui-même, et depuis son ex-petit ami, il n’avait plus aucune envie de devenir dépendant des gens. La dépendance l’effrayait. Il avait bien conscience que c’était un réel problème, toutefois, c’était ainsi. “Je sais que la prison n’est pas pour moi, en fait, je me demande si quelque part, il y a vraiment quelque chose pour moi. C’est un peu comme si je n’étais désiré nul part.” Oui, c’était exactement ce qu’il ressentait, il avait l’impression qu’on ne voulait pas de lui dans cette vie. Cependant, on ne lui avait pas laissé le choix, alors, il devait lutter pour vivre. Finalement, Neil était quelqu’un de courageux, combien aurait abandonné à la première difficulté de la vie ? Lui, il se battait, même si ça impliquait avoir un casier judiciaire et risqué à tout moment de se retrouver en prison… “Vos enfants ont de la chance d’avoir un père comme vous. J’espère qu’ils s’en rendent compte.” Ce n’était un secret pour personne, Julian était un avocat réputé, et tout le monde ou presque avait connaissance de ses enfants, en revanche c’était Julian lui-même qui lui avait fait part d’avoir des jumeaux.

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