Qu’est-ce que Nathan ne ferait pas pour ses amis ? En particulier pour son meilleur ami. Il lui servait de couverture auprès de ses parents et parfois, ce n’était vraiment pas facile, surtout quand ces derniers se mettaient à poser des questions. En plus de cela, le jeune homme ne cautionnait pas du tout ce que faisait Leon et il le lui avait déjà dit plusieurs fois. Bien sûr, il pouvait comprendre l’attrait de la chose, c’était en quelque sorte de l’argent facile, mais ça ne voulait pas dire que ce n’était bien ni même respectable. Bien entendu, si on prenait des cas extrêmes, il valait encore mieux que Leon fasse ce qu’il faisait, plutôt que de se mettre à dealer ou des conneries du genre. Mais tout de même… et puis ça gênait Nathan quand son ami revenait avec des cadeaux hors de prix pour lui. Surtout en sachant d’où venait cet argent. Malgré tout, il était toujours là pour lui. Après tout, c’était aussi fait pour ça, les meilleurs amis. Parfois, il se demandait quand même comment ils pouvaient avoir des vies si différentes… Et justement. Aujourd’hui, les parents de Leon avaient décidé de passer à l’improviste. Nathan avait fait de son mieux pour ne pas paniquer et pour rester calme, naturel. Après tout, il ne fallait pas éveiller les soupçons. Il se sentait juste mal de devoir mentir à ces gens, encore et encore. Il espérait toujours que Leon leur dise la vérité un jour ou qu’il trouve une autre solution. Mais pour l’heure, il était Nathan, l’alibi.

Il avait heureusement réussi à se débarrasser des parents en leur racontant un énième mensonge et bon sang, ce qu’il détestait mentir. Il avait aussitôt envoyé un message à Leon pour le prévenir. Entretemps, les parents de ce dernier étaient repartis et Nathan attendait l’arrivée de son ami, assis dans le canapé. Il sursauta légèrement en entendant la porte s’ouvrir et Leon entrer presque en trombe. « Bordel, Leon ! Apprends à frapper ! » Certes, c’était censé être aussi chez lui, sauf que ça ne l’était pas officiellement. C’était chez Nathan et depuis peu, Yloé, son petit-ami. Le brun se leva pour se poser en face de son meilleur ami. « Oui, ils sont partis. Je leur ai simplement dit que tu n’étais pas là et que tu étais en cours. » Qu’aurait-il pu dire d’autre ? Il espérait seulement que les parents de Leon n’avaient pas l’emploi du temps exact de leur fils. Mais vu qu’ils semblaient avoir cru aux paroles du jeune homme, ce n’était probablement pas le cas. « Ecoute, Leon. Tu sais que je t’adore, t’es mon meilleur ami, mais… je sais pas si je pourrais faire ça éternellement. J’aime pas mentir, tu le sais. Et si tu pouvais demander à tes parents de plus débarquer à l’improviste, ça m’arrangerait et ça m’éviterait des débuts de crise cardiaque à chaque fois ! » Non, il n’exagérait pas du tout, voyons.

Il poussa un soupir, puis alla se chercher une bière dans le frigo. « Je suppose que je t’en propose pas, Monsieur j’ai des goûts de luxe maintenant ? » Il le taquinait, mais au fond de lui, il se demandait parfois si Leon était toujours l’ami qu’il avait connu. Il avait changé avec ce « travail », c’était indéniable. Ou plutôt, l’argent l’avait changé. « Bon, puisque t’es là… t’as passé une bonne journée ? » Il se rassit dans le canapé, sa bière à la main. Parfois, cette histoire l’épuisait. Mais encore une fois, il le faisait pour Leon.

Parfois, c’était usant de devoir jouer la comédie et mentir en permanence pour couvrir son meilleur ami, mais évidemment, même s’il râlait souvent, Nathan ne vendrait jamais Leon auprès de ses parents. Si son ami voulait leur parler de ce qu’il faisait réellement, il le ferait lui-même, le moment venu. « Tu fais chier ! » Il lui donna un petit coup de coude, signe qu’il le taquinait plus qu’autre chose. « D’habitude je ferme à clé ! Là, j’ai juste oublié à cause de tes parents. » Il haussa les épaules, demandant ensuite à Leon de faire quelque chose pour que des visites à l’improviste comme ça ne se reproduisent pas. « Je sais, Leo. » Il poussa un petit soupir. Il n’était clairement pas d’accord avec les choix de vie de son ami, il aurait préféré qu’il ait un métier plus…normal. Il ne le jugeait pas, il ne se le permettrait pas, mais il ne comprenait tout simplement pas comment on pouvait vendre son corps de la sorte. Certes, grâce à ça, le jeune homme pouvait vivre confortablement et il était à l’abri du besoin, mais presque tout semblait si…faux dans sa vie. Superficiel aussi. D’ailleurs, Nathan se demandait si à part lui, Leon avait d’autres vrais amis. « Et t’as intérêt à te faire pardonner ! » Il lui adressa un petit clin d’œil. A vrai dire, il n’attendait rien en retour. Il voulait juste que les parents de Leon ne débarquent plus comme ça et qu’il n’ait plus à leur mentir sans arrêt.

Quoiqu’il en soit, Nate alla chercher une bière, taquinait évidemment Leon à ce sujet en mentionnant ses goûts de luxe. Sa réponse le fit rire tandis qu’il revint donc avec deux bières à la main. « Evidemment. Du vin blanc. Et pourquoi pas le champagne le plus cher du monde ! » Encore une fois, il le charriait, même si parfois, il avait presque envie de lui foutre une bonne claque pour qu’il se réveille un peu. La vie n’était pas seulement faite de luxe.
Il interrogea ensuite le jeune homme sur sa journée et il eut donc droit à un petit compte rendu. Nathan ne put s’empêcher de lâcher un petit rire lorsque son ami mentionna la bouffe. « Espèce de ventre sur pattes ! » Il but une gorgée de sa bière avant de poursuivre. « Non, j’en ai pas marre. J’aime mon boulot. C’est pas facile tous les jours, évidemment, et je déteste faire des heures sup’, mais j’aime ce que je fais. Donc non, tu ne réussiras pas à me faire faire la même chose que toi, mon cher. » Il lui tira la langue tel un gamin. Il savait que Leon n’avait pas du tout cette intention, mais il avait encore une fois eu envie de l’emmerder sur ça. Mais peut-être qu’il en faisait un peu trop. « Désolé. Je te lâche avec ça, promis ! » Du moins, pour le moment. La conversation dévia sur Yloé et rien qu’en pensant à lui, Nathan ne put s’empêcher de sourire comme un con. Il l’aimait tellement et encore plus depuis la fusillade. Il s’était rendu compte à quel point la vie était fragile, à quel point il était facile de la perdre en un clin d’œil. Il s’était aussi rendu compte à quel point il avait été chanceux de retrouver son petit ami en vie, bien qu’amoché. « Ça va très bien, oui. » Se rendant compte qu’il souriait comme un crétin bienheureux, il ne put s’empêcher de rougir légèrement. « Je l’aime vraiment, tu sais… » Il s’éclaircit la gorge et regarda un instant Leon dans les yeux. « T’as jamais eu envie d’avoir quelqu’un comme ça dans ta vie aussi ? » Bon, en même temps, il avait encore le temps de se poser. Mais Nathan s’interrogeait tout de même.