Être le souffre douleur du commissariat n’était certes pas agréable mais ça avait aussi ses avantages. En effet, en plus de m’avoir libéré un bureau, ce rôle me permettait de passer plutôt inaperçue. Je pouvais tranquillement faire mes recherches sous le couvert des documents à classer, jetais au courant de presque tout car tous me pensaient inutile voire invisible. La plupart des agents du poste manquaient de discrétion et leur volonté de se débarrasser de la paperasse les obligeait parfois sa me raconter certains détails dont ils auraient sûrement du se passer. Pendant ce temps, je prenais des notes dabs mon petit carnet, cherchant des suspects, guettant les maladresses, les gestes louches… Au nez et à la barbe de tous. Malheureusement, être la bonne à tout faire prenait aussi beaucoup de temps ce qui m’empêchait de faire les liens nécessaires entre les indices que je trouvais... Verdict, je stagnais. Mes vrais supérieurs n’allaient pas trop ça mais j'étais tellement efficace dans mon travail officieux qu’ils fermaient les yeux. Ils savaient que je faisais de mon mieux pour m’intégrer, que je devais gagner leur confiance.

Ce qui semblait donc en très bonne voie puisque j'étais souvent sollicitée et de plus en plus pour d’autres missions que de ranger les archives. On me confiait aussi les plaintes, quelques missions de terrain, quelques interrogatoire et les discussions avec les avocats. Même si tout cela ressemble à si méprendre à des corvées mais c'était loin d’être le cas. Des marques de confiance et des informations précieuses pour ma réelle mission. Bon, il y avait aussi des choses moins sympathiques et des gens plus ou moins agréables mais c’était le prix à payer et vu étais parfaitement préparée. Toujours optimiste, je n’avais jamais eu le choix, je ne serais plus en vie sans ça. C’était devenue une habitude, presque aussi fort que mon instinct de survie. Ce n’est que grâce à cet optimisme, cette volonté de me battre coûte que coûte, que je suis ici. Mais c’est une autre histoire, moins joyeuse et dont personne ne doit être informé ici. Ici, je suis Aby Hopkins, enfant unique, vie tranquille.

« Hopkins, l’Inspecteur Riddle est là. »

Je lève les yeux aux ciel. Quand on parle de corvée... Pourtant l’inspecteur Jake Riddle a un certain charme, il peut même sembler sympathique dans ses bons jours. Malheureusement, il est aussi capable d’être tout l’opposé et il est souvent... D'un professionnalisme douteux ? Efficace lui aussi, pas un seul échec au compteur depuis que je le connais, mais à quel prix ! J’ai aussi un peu de mal avec les hommes trop conscients de leurs charmes, qui couchent à droite à gauche sous le simple prétexte qu’ils peuvent se le permettre. Je suis plus attirée par les personnes timides et discrètes, les gens comme moi au fond... Et même si j’ai rapidement fais comprendre à ce cher Riddle que je ne ferais pas partie de ses tableaux de chasse, nous sommes coincés dans un dialogue de sourd.

Je me lève après un soupir et me dirige vers la porte où il m’attend déjà, non sans une petite phrase charmeuse à laquelle je répond par un sourire en secouant imperceptiblement la tête. En fait, c’est toujoursagréable de recevoir des compliments, à plus forte raison quand ils sont faits par des personnes charmantes et ce même si la parole de Jake en la matière ne vaut sûrement pas grand chose. Il doit avoir tellement l’habitude de draguer tout ce qui bouge qu’il ne doit même plus croire ce qu'il dit. Des paroles en l'air, sorties par réflexe plus que par honnêteté. Quoi qu'il en soit, je l’invite à entrer dans le bureau d'un signe de la main et m’installe à mon bureau pendant qu'il fait de même. Il est la à cause de ses derniers exploits. Une enquête bouclée avec efficacité mais où ses méthodes ont, une fois de plus, fait tâche. Aujourd’hui, il doit rendre quelques compte en me faisant un rapport détaillé des opérations. Je ne suis que l’intermédiaire, la secrétaire en somme, comme presque toujours.

« Je crois que vous savez pourquoi vous êtes la ? »

Dis-je avec un air sérieux malgré un petit sourire. Mes sentiments à son égard étaient tres mitigés mais mieux valait rendre cette corvée agréable. Les rapports jetaient jamais intéressants et à plus forte raison quand ils risquaient de faire du tort à un collègue.... Avant qu'il ne commence, j’avais pris un stylo et de quoi écrire, prête à rapidement expédier cette affaire.

Il fallait bien l'avouer : l'inspecteur ne me laissait pas indifférente. Il avait beaucoup de charme et il savait très bien s'en servir. C’était d’ailleurs la seule chose qui m’empêchait de céder. Le fait de ne jamais savoir s'il jouait la comédie ou s'il était sincère et, surtout, le fait de savoir qu'il agissait de la sorte avec toute la gente féminine ou presque. Non, je me devais de rester professionnelle, de garder une distance de sécurité entre nous pour ne pas passer du côté obscur de la force. C’est pour cette raison que je m'obstinais à le vouvoyer et que je ne me gênais jamais pour lui dire le fond de ma pensée. Mais la vérité est que je l'admirais beaucoup d'avoir le courage de sortir des clous pour rendre justice. J'étais même la première à suggérer qu'on fasse appel à lui et je savais pouvoir lui faire confiance pour les cas les plus désespérés. J'en étais sûre, malgré les apparences, c’était un type bien qui croyait à la justice. Un James Gordon un peu plus sombre mais avec autant de cran et la même ténacité. En cela, nous étions identique et c’est aussi ça qui me plaisait chez lui.

Hors de question de lui laisser voir une once de tout cela, il serait bien trop fier et je serais bien trop irrécupérable ! Non, rester pro, distante. Pas méchante, pas trop du moins. Juste assez pour garder cette fameuse distance de sécurité. Mais Jake n'avait de cesse de briser la limite et de foncer tête baissée derrière mon bouclier. Toujours avec charme, parfois un peu lourd mais trop souvent efficace là aussi… Il ne se gêna d'ailleurs pas pour me rappeler que, une fois de plus, nous lui région une fière chandelle. Je savais aussi que mes supérieurs allaient taire les écarts de l’inspecteur pour grappiller son mérite. Comme toujours, il avait accomplit sa mission en nous rapportant la tête du coupable. Les papiers qu'on me demandait de remplir n'étaient qu'une formalité, un dossier qui allait finit au fond d'un tiroir voire même directement dans une broyeuse à papier… Mais c’était mon travail et je me devais de le faire sérieusement.

Ainsi, pour coller à mon rôle, je levais les yeux au ciel sans pour autant retirer ma main de la sienne. Il n’était pas simple de retenir le rouge qui m’était monté aux joues mais je pouvais toujours faire illusion... Je devais faire illusion et je ne m'en sortais jamais trop mal même s'il devait (pas sans fierté) voir à travers mon jeu… Pour plus de crédibilité, je souhaitais et récupérait finalement ma main. L’idée de prendre un verre avec lui était séduisante... Dangereusement. Heureusement, nous devions d’abord nous débarrasser de tout cela ce qui me permettait aussi d’avoir un bon argument. Sans la savoir, il venait de m’offrir une belle opportunité de gagner du temps. Mon visage s’éclairs alors d'un sourire alors que mes yeux brillaient d'une étincelle nouvelle. Comme un défit et je savais qu'il aimerait l’idée. Ça aussi, nous l’avions en commun.

« Pourquoi se contenter d'un seul verre ? Si vous me débarrassez de mes obligations en moins d'une heure, j’accepte de passer le reste de la soirée avec vous. »

Jake ignorait sûrement que je ne buvais pas d'alcool, mon passé me l’interdisait, mais je pouvais quand même passer la soirée avec lui. Ce n’était pas un sacrifice, au contraire même. De toute façon j’étais censée avoir terminé mon service alors… À croire que personne à part moi n’était au courant de mes horaires… Mais cette fois j'étais plutôt satisfaite de mon heure supplémentaire, elle ne serait pas aussi désagréable que ça dans le fond. Comme pour lui prouver la véracité de mes paroles, j'avais posé mes coudes sur la table et lui tendait à nouveau la main pour conclure le deal. Une heure de corvée en échange d’une bonne soirée, c’était une offre raisonnable non ? Il lui suffisait de me raconter les faits et nous étions libres. J'écrivais suffisamment vite pour faire un brouillon instantané que je me chargerai de taper au propre demain. On ne m'avait pas demandé de l’enregistrer ce qui était très rare pour des dépositions… Jake semblait aussi faire exception à la règle la dessus. Il avait de la chance ou savait comment l’attirer.

« Marché conclu ? »

Rajoutais-je avec un sourire en coin, toujours avec ce petit air de défi. J'aimais le taquiner en fait… Toutes les piques et les remarques n’étaient qu’autant de façon de l’embêter. Une sorte de jeu finalement et il semblait l’apprécier.