Tu avais clairement besoin d’un verre. T’étais dans une passe différente de d’habitude, le genre de comportement que tu ne te connaissais pas. Fallait aussi dire que le fait d’être à la tête d’une entreprise avait de quoi te rendre plus mature, plus responsable. Parce que tu ne te posais pas de questions avant. T’allais pas chercher midi à quatorze heures, t’allais pas chercher à comprendre pourquoi tu faisais ce que tu faisais. T’étais du genre à vivre au jour le jour, à faire ce dont tu avais envie sans réfléchir aux conséquences. Sauf que maintenant -enfin, depuis quelques jours- tu commençais à te rendre compte que ce n’était peut-être pas la meilleur manière de vivre. Putain, t’avais horreur de donner raison aux personnes qui pètent plus haut que leur cul mais bordel… ton directeur des ressources humaines avait totalement raison. Tu ne pouvais plus te permettre de t’envoyer tous tes assistants. Tous sans exception. Tu avais un sérieux problème de retenue. Alors après avoir parlé avec Connor, t’avais décidé de faire en sorte de t’épuiser tellement sexuellement que tu pourrais même pas penser une seule putain de mini seconde à baiser le prochain. Ce n’était certes pas un super plan digne des meilleurs films mais t’étais certain que ça pourrait faire l’affaire… avec un peu de chance. Faut dire que t’es jeune et que, même pour un jeune, t’as une sacré libido.

    C’était donc tout naturellement que tu avais pris la décision de sortir dans un bar. Tant qu’à faire, si tu parvenais pas à rencontrer de quoi vider tes couilles (quelle classe Ren, quelle classe), tu pourrais au moins tenter d’oublier ton manque de contrôle sur Mini Ren à coup d’alcool. T’avais le droit de rêver après tout. T’étais d’ailleurs tranquillement assis au bar, sirotant ton whisky coca à travers la paille avec laquelle tu jouais entre tes dents lorsque quelqu’un vint s’asseoir à tes côtés, prononçant ton nom. Tu tournes alors ton regard vers le nouveau venu - nouveau venu qui semble faire partie des fans de ton jeu. Et bien, si cela n’est pas une magnifique chance. Tu ne sais pas s’il aime les garçons que tu lui souris déjà à pleine dents alors que tes lèvres s’enroulent autour de ta paille d’une manière que tu aimerais considérer sensuelle. Tu es impossible. Irréparable. Incapable d’être sauvé. Insupportable. « Oui, c’est moi. » que tu réponds ensuite avec un autre sourire pour le grand blond qui te fait face. « Merci beaucoup. » parce que malgré ta libido de singe en rut, t’arrive à apprécier un compliment pour ton travail, quand même. « Je suis toujours aussi choqué que le jeu ait eu autant de succès. C’est un truc de malade. » que tu balances avec franchise tandis que tu secoues doucement ton visage de gauche à droite. Faut dire que t’en reviens toujours pas, ouais. T’en reviens pas qu’un truc qui est né de ton cerveau puisse donner de la joie à autant de gens. T’en es sur le cul - et pas uniquement parce que t’es assis.