Comme beaucoup de monde en ville, Veronika avait croisé l'affiche indiquant qu'un bal masqué était organisé. Pour fêter l'amour et la paix, que ça y disait. Tu parles. Une mascarade pour endormir les habitants, oui! Histoire que les gens oublient un instant à quel point la vie est injuste et difficile à Chicago. Elle trouvait la démarche particulièrement hypocrite, mais elle devait bien avouer qu'elle pensait aussi qu'oublier le quotidien l'espace d'une soirée ne pouvait faire que du bien à ceux qui luttaient pour s'en sortir... et elle en faisait partie. Alors, elle s'y rendit. Elle passa quelques temps devant sa garde-robe: elle ne faisait pas partie des plus riches, mais fréquentant régulièrement les soirées pour trouver hommes ou femmes avec qui s'amuser un peu, elle avait toujours de quoi s'habiller. C'était la seule chose qu'elle se permettait. En dehors, elle ne dépensait rien inutilement, mais les vêtements et un peu de maquillage, c'était son petit plaisir à elle, pour pouvoir séduire d'éventuels futurs partenaires d'une nuit - ou de plusieurs, suivant le feeling. Pour le bal, elle décida de faire relativement simple: une robe blanche, longue, ouverte jusqu'aux genoux, suffisamment décolletée pour avoir une vue intéressante mais pas assez pour dire "sautez-moi dessus", surmontée d'un boléro noir et des petites chaussures à talons, noires également. Elle mit juste le nécessaire de far à paupières puis de mascara, un brin de rouge à lèvres et glissa le masque (obligatoire pour la soirée, pourquoi pas après tout) dans son sac. Puis elle prit les transports en commun, se délectant des regards qu'elle provoquait sur son passage, répondant plus ou moins à l'avance d'un homme plus âgé qu'elle (si un jour on se recroise, rattrape-moi, tu seras peut-être surpris) et rentra sans problème dans la salle des fêtes lorsqu'elle y arriva.

Le début de la soirée se déroula tout à fait normalement. Comme beaucoup, elle descendit plusieurs verres, trouva quelques partenaires de danse et prit plaisir à se vider la tête. Elle ne reconnut personne, parce que les masques aidaient à l'anonymat, mais aussi parce qu'elle n'y fit pas attention: elle n'était pas venue là pour ça. Veronika dansait aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes, aussi quand elle fut abordée par une jeune femme plus insistante que les autres, elle la suivit un peu à l'écart. Elles échangèrent quelques paroles, la jeune femme lui paya un verre et, aidées par l'alcool et par l'envie de s'amuser, elles se donnèrent rendez-vous le lendemain soir, à un hôtel du coin. Alors que sa partenaire se montrait plus entreprenante au niveau du contact physique et que la rouquine y répondait sans gêne aucune, l'ambiance changea radicalement. Des coups de feu. En bonne fille de militaire et en bonne ancienne étudiante à l'école des navy, elle reconnut immédiatement les tirs de fusils d'assauts. C'étaient, à ses yeux, les armes les plus dangereuses. On ne pouvait pas y échapper: les balles fusaient si vite, que la seule chose qu'on pouvait vraiment faire, c'était prier de ne pas se retrouver dans la trajectoire du tireur. Retrouvant instinctivement ses réflexes, elle tira vivement sur le bras de son interlocutrice, ne lui laissant pas le temps de paniquer et elles se mirent à l'abri sous l'estrade de fortune qu'avait installé la mairie pour les DJ. Elle posa la main sur la bouche de celle qui était, une seconde avant, sa partenaire de danse, voyant qu'elle allait se mettre à crier et elle murmura, le plus doucement possible "surtout, ne bougez pas. Et ne faites pas un bruit." La salle s'affolait complètement et Veronika pouvait entendre les gens tomber les uns après les autres. Elle prit une grande respiration: elle était désarmée, comme les autres. Elle ne pouvait rien faire, à moins qu'elle ne soit pas seule à intervenir et à risquer sa vie. Relativement protégée par la lumière quasiment inexistante de l'endroit où elle se trouvait, elle se maudit d'avoir choisi une robe blanche, qui la rendait beaucoup trop visible. Très lentement, elle souleva un pan du tissus qui recouvrait l'estrade, afin de jeter un coup d'oeil dans la salle. Ca s'annonçait particulièrement mal. Au fond d'elle, la rouquine ne put que remercier son père et son grand-père de l'avoir élevée comme elle l'avait été. Sans ces années de formation militaire et cette sévérité familiale, elle serait très probablement dans un état de stress incroyable. Au lieu de ça, elle faisait preuve d'un sang-froid impressionnant. Ca n'arrangeait en rien la situation, mais au moins, elle ne fit pas comme cette pauvre fille qui tenta une sortie par la porte et qui fut instantanément éliminée. Elle grimaça et se replaça le plus doucement possible en retrait sous l'estrade. La jeune femme à côté d'elle lui prit la main, pour se rassurer. Elle la serra dans la sienne et lui murmura "on va s'en sortir". Des mots banals, qui avaient difficilement du sens dans une telle situation, mais qui visiblement calmèrent un peu l'inconnue.

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Flavia n'avait pas pu résister à la tentation de venir faire un tour à la soirée de la Saint-Valentin de la ville. La salle était magnifiquement décorée et la salle était déjà bien remplie quand Flavia entre dans celle-ci. La brune met bien évidemment son masque, pour ne pas être repéré par son frère. Mais elle fronce les sourcils, lorsqu'elle se rend compte que son frère a du, lui aussi, mettre un masque. La soirée s'annonce longue en recherche, ainsi qu'en discrétion. Elle ne voulait pas vraiment se faire repérer en deux minutes chrono. Elle avait insisté pour que son frère soit à cette soirée, elle lui avait même lavé les cheveux et choisis son costume pour qu'il soit beau. Même si, avec des fringues trouées il était tout de même très beau. Elle était certaine que son frère, ce soir, ferait tourner les têtes. Flavia, elle n'avait pas vraiment fait dans l'originalité, elle avait enfilé une robe courte en velours noir avec des talons noirs. Elle n'avait pas une garde de robe extraordinaire, à vrai dire, ils n'avaient pas beaucoup d'argent, ce n'était pas pour que Flavia puisse le dépenser dans des robes de soirées. Mais la brune, elle s'en fiche, du moment que sa famille aille bien et qu'elle puisse devenir médecin. Après avoir pris un verre de champagne sur un plateau d'un serveur, la brune se met en quête de son frère. À vrai dire, elle le repère vite, les Landon ayant une classe naturelle et repérable à dix mille kilomètres. À une distance convenable, elle remarque qu'il a trouvé la femme avec qui il a été réparti et tout à l'air de bien se passer. Elle n'entend pas leur discussion, mais la jeune-femme est très belle. Un sourire s'affiche sur son visage, elle est fière de son petit coup.

Flavia décide alors de s'amuser, après avoir observé que du côté de son frère tout se passait bien. Elle s'approche du bar et observe les personnes qui se trémoussent sur la piste. Elle commande un verre et profite du moment. Flavia devra partir avant son frère, pour ne pas se faire griller. Mais elle avait encore du temps. Un homme vient alors à sa rencontre. Il porte un masque et elle ne peut pas vraiment voir son visage. En tout cas, sa voix ne lui dit rien. Il est un peu lourd, voir frimeur sur les bords et Flavia peine à s'intéresser à ses histoires rocambolesques. La brune hausse un sourcil en l'écoutant dire qu'il est riche et si elle veut essayer sa voiture de luxe. La soirée aurait pu être sympa, elle aurait pu lui dire qu'elle n'était pas vraiment intéressée par ses avances. Flavia aurait pu même mentir pour lui dire qu'elle aussi avait une voiture de luxe. Les cris commencent à retentir, le chaos s'abat précipitamment. Flavia n'a pas vraiment le temps d'apercevoir les types qui s'avancent dans la salle et qui vident leurs chargeurs sur la foule. Non, Flavia, elle n'entend que les tirs et le type devant elle, s'effondre. Il s'effondre littéralement sur elle et elle ne peut le retenir, tombant avec lui au sol. Elle ressent une douleur au bras et essaye de se libérer de l'homme mort sur elle. Lentement, elle le sent, le liquide couler le long de son corps. Que devait-elle faire ? Ils étaient proches, abattant tous êtres humains qui essayent de s'enfuir. Flavia étouffe un cri en voyant une femme se faire abattre froidement alors qu'elle essaye de fuir. Elle n'a qu'une pensée, son frère. Elle espère de tout son cœur qu'il est sorti de cette salle. La brune, ne réfléchit plus vraiment, pensant surtout aussi à sa survit, elle décide donc de faire la morte sous le cadavre d'un mec qui l'a draguer, il y a à peine deux minutes.

Tu ne travaillais pas ce soir là, ton patron avait insisté pour te donner une soirée de repos devant ton état de fatigue plus qu'évident, ce qu'il ne savait pas était que peu importe si tu travaillais ou non, tu ne risquais pas vraiment de pouvoir te reposer beaucoup plus longtemps que les autres jours, toujours esclave des cycles de sommeil de ton beau-père pour pouvoir rentrer chez toi sans danger, sans risquer une nouvelle confrontation qui tu le savais ne se finirait jamais bien pour toi.
C'était ainsi que plutôt que d'errer dans les rues sans but, tu avais fini par rejoindre le bal masqué organisé par la ville pour la Saint Valentin, peu importait réellement le mépris que tu portais à cette fête, il valait mieux affronter quelques couples impossibles à décoller, des cupidons et des petits cœurs plutôt que de rentrer le voir lui, en vérité la soirée était même réussie selon toi, tu avais rapidement trouvé la partenaire qu'on t'avait assignée, qui avait tout de suite compris qu'avec toi elle ne pouvait rien espérer de très romantique mais qui n'en avait pas fait grand cas, préférant plutôt engager la conversation autour d'un verre, puis un autre jusqu'à ce que tu finisses par en perdre le compte, acceptant même une danse, étrangement c'était une des rares soirées où tu arrivais à te sentir complètement apaisé, à ne pas avoir peur ou souffrir d'une manière ou d'une autre, tu aurais dû te douter que ce n'était pas fait pour durer.

Tu serais bien incapable de dire à quel moment les choses ont basculées, à quel moment cette soirée en l'honneur de l'amour, de la paix se transforma en chaos, en véritable scène de guerre, tu serais bien incapable de dire à quel moment les rires, les voix enjouées se sont muées en hurlements de peur, en gémissement de douleur, dans ces moments, dans des instants comme ceux-là le temps semblait ralentir, s'allonger, prenant une dimension presque irréaliste, comme une entité presque tangible et palpable, tu te souviens juste avoir soudain compris que quelque chose ne se passait pas comme prévu, instinctivement peut-être, comme si les bruits avaient réussi à faire son chemin jusqu'à ton inconscient mais le temps de comprendre, le temps d'ouvrir la bouche pour articuler quelques mots à l'intention de la jeune femme qui t'accompagnait c'était déjà trop tard

« Couche toi ! »

C'était ce que tu avais voulu lui hurler, c'était ce que tu lui avais hurlé, ta main cherchant son poignet pour la forcer à se jeter au sol mais ne rencontrant que du vide, déjà elle s'était effondrée à tes pieds, son visage ou du moins ses lèvres figées dans un ultime rire, fauchée à l'aube seulement de sa jeunesse.
Tu compris rapidement, dans une fraction de seconde que si tout était fini pour elle, tout était fini pour toi, relevant les yeux, tu croisas ceux du tireur, la seule partie de son corps que tu distinguais à travers les fentes de sa cagoule noire, un regard déterminé, froid, il n'hésitait pas, il savait ce qu'il faisait, il était là pour tuer.

Stupidement peut-être, le corps contrôlé par la peur, l'adrénaline dans les veines, tu essayas de faire demi-tour, de t'enfuir, pour rejoindre un coin plus sécurisé de la salle, ne réalisant pas qu'en lui tournant le dos tu t'exposais d'avantage, ne le comprenant qu'en sentant une douleur intense dans le bas de ton dos, qui te fit t'effondrer au sol sans un cri pourtant alors que la douleur déjà s'évanouissait, ce ne fut qu'en essayant de bouger, toujours dans cette idée un peu folle de te mettre en sécurité, comme si une sécurité était possible dans un tel chaos, que tu réalisas qu'il n'y avait pas que la blessure que tu ne sentais pas, tu ne sentais plus rien, incapable de bouger, ta respiration s'accéléra malgré toi alors que la panique te gagnait, tu ne comprenais pas, tu ne comprenais plus, des milliers de pensées te parasitaient l'esprit, des plus futiles aux plus sombres

« Aidez-moi »

C'était juste murmuré, tu suppliais presque, loin d'être certain que quelqu'un t'entendrait mais tu n'avais que 18 ans, tu ne voulais pas mourir seul ici

La situation était loin d'aller en s'arrangeant, bien au contraire : non seulement, les tirs continuaient de fuser, mais en plus, les gens continuaient de tomber. Certains avaient le réflexe de faire les morts, d'autres de se mettre à l'abri, mais beaucoup réagissaient dans la panique et tentaient de fuir. Il n'y avait quasiment aucun chance pour ceux-là de s'en sortir. Alors qu'elle réfléchissait comme elle le pouvait – dans une situation pareille, c'était une chose un peu compliquée, elle sentit quelqu'un la saisir par derrière. Elle failli avoir le réflexe de se défendre, mais elle reconnut la voix de quelqu'un qu'elle connaissait bien : Alec. Un flic ! Non seulement, il y avait désormais un flic à ses côtés, mais en plus un homme qu'elle considérait comme un de ses rares amis. Peut-être tout n'était-il pas foutu, en tous cas pour elle-même et les quelques-uns présents sous l'estrade ? Elle se retourna lentement pour lui faire face et lui fit un sourire pour le rassurer. Elle allait bien, en tous cas pour le moment.

« Non, je n'ai rien, ça va. J'ai juste eu la mauvaise idée de m'habiller en blanc, comme ça je suis repérable de loin. »

Un peu d'humour, noir certes, mais bienvenu dans une situation pareille. Elle tira un sourire à la jeune femme à côté d'elle et fut ravie de la voir se détendre un peu, malgré l'horreur de la soirée. Elle frissonna quand Alec lui rappela que Lynn était ici. Merde ! Son amie le lui avait dit, mais dans la panique générale, elle n'y avait plus songé. Et en plus, elle était accompagnée par celui qu'elle considérait comme son meilleur ami. Elle songea un instant au pire, puis se reprit immédiatement.

« Je ne l'ai pas vue non, pas plus que Gabriel, censé l'accompagner. Je suis restée à l'écart, j'ai eu la chance d'être dans un endroit suffisamment sombre pour avoir le temps de réagir et de venir me planquer ici. »

Il lui signala alors qu'il allait avoir besoin de son aide. Veronika acquiesça d'un mouvement de tête. Evidemment, qu'elle allait aider, elle n'allait tout de même pas rester ici à ne rien faire, quand elle savait qu'elle possédait les réflexes nécessaires pour, au moins, se sortir de là et sortir quelques personnes de la salle avec elle. C'est alors qu'un des détonations se firent entendre, beaucoup plus proches d'eux que les précédentes et qu'un bruit sourd suivit. On venait de tirer à côté d'eux et un nouveau corps venait de s'effondrer. Elle sursauta et se figea, priant pour que les tireurs n'eurent pas l'idée de s'approcher d'avantage, mais ils s'éloignaient déjà. Elle entendit ces derniers crier quelque chose qu'elle réussit pas à comprendre, les tirs cessèrent un instant, comme s'ils attendaient quelque chose des personnes présentes ici... ou peut-être réfléchissaient-ils à la suite de leur plan, s'ils en avaient un. Elle tendit l'oreille : personne près d'eux. Les estrades étaient ouvertes derrière, pour laisser place aux coulisses, qui étaient calmes pour l'instant. Personne n'avait eu le temps de les atteindre. Elle fit un signe de tête à Alec pour les lui indiquer. Puis elle s'y avança, très lentement, attentive au moindre de ses mouvements, pour ne surtout pas faire de bruit. Jetant un coup d'oeil rapide de l'autre côté du rideau cachant leur abri de fortune, elle vit que les tireurs s'étaient placés dos à ce dernier... et elle reconnut un des blessés. Yloé. Un gamin avec qui elle travaillait régulièrement et qu'elle appréciait beaucoup. Un gamin qu'elle s'était promis de protéger et qui gisait au sol, quasiment inconscient, dans une mare de sang. Tout aussi prudemment que dans ses premiers mouvements, elle retourna auprès d'Alec.

« Merde, Alec, y a un gosse que je connais qui a été touché. Si on le sort pas de là, il va y laisser sa peau. Je peux pas le laisser ici et on peut pas non plus y laisser Lynn et Gab. Le truc, c'est que je suis pas vraiment équipée pour agir. » Elle murmurait, mais il y avait un tel bordel dans la salle, entre les cris des tireurs, qui firent de nouveau claquer leurs armes et les cris des gens affolés, qu'elle n'aurait peut-être même pas eu besoin de baisser la voix. Mieux valait être trop prudente que pas assez. Elle regarda sa robe et grimaça. « Va falloir que je m'en débarrasse. Sinon, on ne va voir que moi dès qu'on sortira de là. » La question était : est-ce qu'elle allait vraiment finir en sous-vêtements dans une salle où se déroulait actuellement une fusillade, ou allait-elle prendre le risque de se faire repérer à cause d'une stupide robe de bal ?

Les minutes deviennent interminables, Flavia aimerait de tout coeur essayer de se dégager, mais, elle le voit, celui qui avait sans doute tiré sur l'homme qui la recouvrait, il est dos à elle tirant sur la moindre personne qui tente de s'échapper de ce cauchemar. La brune essaye de réguler sa respiration, même si elle a l'impression de faire beaucoup trop de bruit. Combien de temps fallait-il attendre pour que la police intervienne ? Pouvait-elle rester encore ainsi, longtemps ? La panique commence à monter et son coeur bat à tout rompre. Pourquoi avait-il fallu qu'elle suive son frère a cette fête ? D'ailleurs, son frère. Elle observe la salle, elle enlève son masque qu'elle dépose au sol en douceur, elle est allongée sur le sol froid de la salle des fêtes et elle ne remarque que des corps sans vie. L'inquiétude grandit en elle. Il y a beaucoup trop de corps. Les coups de feu n'ont pas l'air de cesser, elle entend des supplications. Silencieusement, elle espère de tout coeur que les tueurs ratent leur cible, que toutes les personnes qu'elle avait croisés dans la salle avant que les tueurs débarquent puissent sortir. N'avaient-ils pas assez fait de victimes ? Pourquoi devaient-ils s'en prendre à des personnes innocentes lors d'une soirée ? La brune sort très vite de ses pensées lorsqu'elle aperçoit un homme qui vient vers elle. Il lui fait signe de ne faire aucun bruit et elle s'exécute. Flavia n'avait pas spécialement envie de faire signe au tueur de venir finir ce qu'il avait commencé. Non, Flavia, elle avait envie de vivre. Elle observe alors l'homme attraper l'homme par-derrière et l'étouffer. Cela dure plusieurs minutes et Flavia détourne le regard, ne pouvant supporter de regarder cette scène. Elle allait au cours de sa carrière prononcer le serment d'Hippocrate. Pourtant, à ce moment précis, elle était soulagée de voir l'homme tuer celui qui avait fait de nombreuses victimes ce soir. Une fois mort, l'homme se précipite vers elle. Enfin, elle peut respirer correctement sans être comprimé par un cadavre. Elle prend une grande inspiration en se remettant sur ses jambes, elle écoute l'homme lui demander si elle va bien et si elle n'était pas blessée. La brune jette un œil à son corps recouvert du sang d'un homme qu'elle ne connaissait pas. Elle pose sa main sur son bras. « Mon bras. » Sa voix lui paraît étrange, elle jette un œil sur son bras et remarque qu'elle saigne un peu, mais que c'est superficiel. Elle devait d'ailleurs avoir aussi des côtes cassées, une douleur revenant peu à peu dans sa poitrine. « Ça va, je vais bien. »

L'homme lui demande alors de déplacer le corps. Flavia fait une petite grimace, mais elle s'exécute. Elle en avait déjà vu des morts, elle en avait touché, elle avait d'ailleurs déjà essayé d'en ranimer certain. Mais non, elle n'avait jamais caché un corps qui venait tout juste d'être tué. D'ailleurs, c'était qui ce type ? Il l'avait sauvé, mais Flavia avait le droit d'être un peu paranoïaque après ce qu'elle venait de subir et ce n'était pas terminé, loin de là. Elle attrape alors les pieds du type et le transporte jusqu'à une estrade. Il y a d'ailleurs quelques personnes présentes ici. L'homme lui dit qu'ils vont rester ici et qu'il attend une amie qui devait revenir avec quelqu'un. La brune se sent un peu plus rassurée, au moins ici, elle n'était plus à la vue d'un tueur. Il dit alors son prénom et demande le sien et bizarrement, Flavia se sent soudain comme assez proche de lui. Comme si, un lien s'était créé alors qu'il l'avait sauvé et qu'elle l'avait aidé à soulever un gars mort jusqu'à sous l'estrade. « Flavia » Elle fixe un instant l'homme qu'elle venait de transporter avec des yeux remplis de haine. Puis elle détourne le regard jetant un oeil à tous les regards présents, mais elle n'en voit aucun qu'elle reconnaît. Elle se tourne vers Alec pour lui demander : « Mon frère est dans la salle. Vous avez vu des personnes sortir ? » Elle se mord la lèvre nerveusement. L'inquiétude montant encore un peu plus. Elle n'avait qu'une crainte. Si elle perdait Alistair, elle ne sait pas ce qu'elle adviendrait. Alec, lui marmonna quelque chose. « Vous êtes de la police ? » Elle a peur d'entendre la réponse, ne voulant pas entendre qu'un homme comme lui, puisse être d'un gang. Mais il n'y avait que deux solutions aux yeux de la brune. Soit il est policier, soit il fait partie d'un gang.


@Alec Jacobson, @Yloé Turner @Veronika Faure

Alec réfléchissait à un plan quelconque. C'était loin d'être facile, comme situation: si les coups de feu avaient ralentis, ils ne s'arrêtaient pas pour autant. Et à chacun d'entre eux, c'était au moins un corps qui tombait, sans vie. La brunette frissonna tandis qu'il lui dit qu'il allait falloir se séparer. L'idée ne la réjouissait guère, mais il avait raison. Lorsqu'il lui tendit son flingue en lui demandant si elle savait s'en servir (une formule de politesse plus qu'autre chose, vu qu'il n'hésita pas à lui mettre dans les mains), elle l'arma pour toute réponse: mieux valait être prête à tirer au cas où, bien qu'elle espérait ne pas avoir à le faire. Non pas pour ne pas avoir à tuer un des assassins, mais parce qu'elle craignait de se faire repérer si cela devait se produire. Son ami jeta un coup d'oeil à sa robe. Veronika n'eut pas le temps de demander à Alec quelle était son idée qu'il en avait déjà déchiré le bas. Bien sûr, qu'elle y tenait, elle n'avait pas vraiment les moyens financiers pour s'en racheter une, mais elle tenait surtout à sa vie! Et présentement, s'il fallait sacrifier un vêtement, ça n'était franchement pas un problème. Elle remercia Alec pour la veste qu'il lui donna tout en l'ajustant à sa taille comme elle le pouvait, le vêtement était beaucoup trop grand pour elle. Avec ça, elle serait bien moins visible: plus de blanc, mais une couleur neutre qui n'attirait pas l'oeil. Elle le remercia d'un signe de la tête et le regarda partir dans la direction opposée. A son tour, elle sortit très lentement de leur planque. Le jeune homme avec qui elle travaillait était au sol, quasiment inconscient. Elle espérait qu'il était encore en vie. Alors qu'elle s'apprêtait à le tirer de là, son regard fut attiré par une jeune femme qui portait une longue chevelure châtain, quelques mètres devant elle et qui était accroupie derrière un rideau, immobile. Nom de dieu! Mina! Le sang de Veronika ne fit qu'un tour: la jeune femme était quelqu'un qu'elle appréciait beaucoup et s'il lui arrivait quoique ce soit, Alec ne s'en remettrait jamais. Mais comment allait-elle pouvoir l'atteindre sans se faire repérer?! Priant pour qu'elle ne bouge pas de l'endroit où elle se trouvait, elle entreprit d'abord de mettre Yloé à l'abri. Mina ne semblait pas blesser et il fallait parer au plus urgent, non à ses affinités personnelles. Alors, très lentement, le dos courbé, elle s'avança vers son jeune collègue. Quand il tourna son regard vers elle, elle lui fit signe de ne pas bouger. Malgré la situation compliquée, elle entreprit de faire le tour le tour de l'estrade, pour rejoindre le côté où il n'y avait pas de rideau: si les tireurs voyaient ce dernier bouger, il y avait fort à parier qu'ils se feraient repérer. Alors, hissant comme elle le put les bras de son collègue sur ses épaules (encore heureuse que ce ne soit pas un bodybuildeur, elle était solide et sportive, mais dans un tel endroit, elle appréciait ne pas être ralentie), elle recula vers sa planque. Juste à temps: un des tireurs fit un mouvement pour se tourner et elle se mit à genoux au sol, posant Yloé devant elle. Elle retint son souffle quand elle entendit des pas se rapprocher. Le tireur s'arrêta un instant, puis fit demi-tour en ne voyant personne. Même si elle faisait preuve d'un parfait sang-froid, le coeur de Veronika battait à cent à l'heure alors qu'elle amenait le jeune blessé au centre de l'estrade, rejoignant ainsi Alec, qui était déjà là. Elle réalisa alors qu'elle avait mit un bout de temps à pouvoir revenir sans se faire repérer. Son ami fut soulagé de la voir.

« Je vais tâcher d'apporter à Yloé les tous premiers soins. Alec... »

Elle saisit le flic par le bras, pour l'emmener à la sortie de l'estrade. Puis elle pointa Mina (qui, par miracle, était toujours au même endroit) du doigt.

« Je pense qu'elle n'a rien. Sois prudent. »

Comme elle savait pertinemment qu'il irait chercher sa petite soeur, Veronika fit demi-tour pour rejoindre Yloé.

Tenter de fuir avait été une erreur, une erreur à mettre sur le compte de la peur que tu avais ressentie en voyant ta jeune partenaire de la soirée s'effondrer au sol, sans vie, une erreur à mettre sur le compte de la panique qui avait pris possession de ton corps en voyant les yeux de celui qui avait tiré, un regard qui hanterait tes nuits encore longtemps, froid, déterminé, il n'agissait pas simplement sur un coup de tête, en prise à une quelconque folie, il était là pour tuer, une erreur que tu regrettas instantanément lorsque, lui tournant le dos pour courir le plus loin possible, espérant pouvoir te mettre en sécurité, tu sentis une douleur insoutenable, une douleur d'une intensité que tu n'avais jamais ressentie auparavant, toi qui pourtant te faisait frapper chaque jour, toi qui pourtant avait l'habitude de souffrir, une douleur qui incendiait chaque partie de ton corps, qui te coupait la respiration, t'empêchait de hurler tout comme d'être conscient de la situation, tu ne réalisas même pas que tu venais de t'écrouler, que ton corps venait de percuter le sol, tu ne le réalisas que lorsque brutalement tu ne ressentis plus rien, incapable subitement d'esquisser le moindre geste, comme si ton corps ne répondait pas, comme si ton corps ne répondait plus, tu sentis des larmes rouler le long de tes joues en silence, si la douleur était atroce, elle l'était toujours moins que ce vide dont tu ne comprenais pas le sens, persuadé que tu étais juste en train de mourir, que tu allais mourir ici...Evidemment tu y avais déjà pensé, à la mort, comme tout le monde, tu avais même déjà pensé à l'éventualité de mourir trop tôt, même de mourir prochainement, tu avais imaginé comment ça se passerait, des milliers de fois, mais dans aucune de ces versions tu n'étais seul, dans aucune de ces versions tu te faisais simplement abattre froidement, tu avais tellement tout fait pour ne plus rien avoir à faire avec cette vie là, cette vie où tout se réglait avec les armes, tellement tout fait pour ne pas avoir un jour à mourir comme ça...C'était injuste, beaucoup trop injuste, bien plus encore que de mourir à ton âge, tu suppliais à voix basse sans savoir si quelqu'un pourrait t'entendre, qu'on vienne t'aider, qu'on te sorte de là, alors que tu sentais que tu t'affaiblissais, que tes yeux ne demandaient qu'à se fermer.

Tu ne sais pas combien de temps s'écoula ainsi, toi au sol, suppliant doucement, te perdant constamment entre conscience et inconscience mais soudain, tu te sentis soulevé de terre, tu aurais aimé aider cette personne dont tu ne voyais pas le visage mais ton corps refusait de coopérer, ton corps t'abandonnait, tu ne pouvais rien faire, rien d'autre que de te laisser faire, ne reprenant connaissance que quelques instants plus tard, distinguant enfin le visage de celle qui t'avait sauvée, la reconnaissant entre mille, malgré ta vision qui ne cessait de se brouiller

« Veronika ? »

Ta collègue, une des rares personnes à se soucier de toi là bas, tu avais rarement était aussi soulagé de la voir, même si tu ne savais pas si elle pouvait réellement faire quoique ce soit pour toi

« Je sens plus rien »

Tu n'aurais jamais imaginé qu'un jour quelque chose d'aussi simple, aussi banal, acquis depuis de longues années que parler serait si difficile, chaque mot était une épreuve, articuler était une épreuve, respirer aussi, tu sentais le goût bien trop familier du sang sur tes lèvres, qui envahissait ta bouche, tu avais juste envie de fermer les yeux mais tu te forçais à les garder fixés sur elle, à ne voir qu'elle, ne regarder qu'elle.

« Est-ce que je vais mourir ? »

L'inquiétude grandit un peu plus lorsque Alec lui informe qu'il n'avait vu personne sortir de la salle sachant qu'il venait d'arriver pour sauver une amie à lui. En tout cas, Alec avait l'air d'être un très bon ami pour risquer sa vie pour elle. Il confirme aussi le fait qu'il est de la police et le soulagement envahi enfin tout le corps de la brune. Au moins la police était au courant et ils ne tarderaient plus à venir les secourir. Alec en profite pour rédiger un message qu'il envoie certainement au capitaine de police pour l'informer de la situation à l'intérieur. C'était risqué ce qu'il avait fait, mais c'était aussi très courageux, grâce à lui beaucoup de personnes serait sans doute sauvé. Les informations qu'ils pouvaient transmettre n'avaient pas de prix. Ce type était un véritable héros et il n'en avait même pas conscience. Elle le regarde alors avec beaucoup de considération et lui fait un grand sourire lorsqu'il lui demande s'ils pouvaient se tutoyer. C'est vrai qu'il lui avait sauvé la vie et qu'elle avait bougé un corps avec lui, cela rapproche. Toute cette discussion, en tout cas lui avait permis de reprendre un peu ses esprits, même si elle avait toujours cette désagréable douleur au niveau de la poitrine lorsqu'elle respirait. « Oui, je pense. En tout cas, merci de m'avoir tiré de là, Alec. J'espère que tu retrouveras ton amie. » C'est tout ce qu'elle pouvait lui souhaiter. Personne ne méritait de perdre quelqu'un de précieux à ses yeux.

La fameuse amie revient alors après de grosses longues minutes. Flavia ne peut que se rendre à l'évidence qu'elle connaissait cette amie et ce n'était autre que Veronika. Veronika, celle qui l'avait aidé lorsque son frère était en prison. La brune s'avance un peu vers l'autre brune et entend un prénom qui ne lui était pas inconnu. Yloé. Merde. Yloé, c'était lui, le deuxième blessé que Veronika avait dû sauver ? Veronika et Alec, ont l'air de discuter et Alec repart dans la salle. Flavia soulève doucement le rideau qui leur sert de cachette et un frisson parcourt son corps lorsqu'elle observe la salle avec ses nombreux cadavres. Elle n'aperçoit aucun assaillant, mais elle se doute qu'ils soient toujours là, peut-être à attendre que les dernières victimes se fassent connaître. Il était certain que pour la brune, elle n'oserait jamais sortir de sa cachette, elle sortirait lorsqu'elle apercevrait un badge de policier. La brune remet alors délicatement le rideau en place et se dirige alors doucement vers le corps d'Yloé, en compagnie de Veronika. « Veronika, je viens pour t'aider. » Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Ce n'était pas vraiment le moment pour discuter. La brune regarde le corps d'Yloé, il avait l'air de perdre beaucoup de sang et dans de telles conditions, tout ce qu'ils pouvaient faire, c'était d'essayer d'arrêter le saignement. « Il faut éviter qu'il se vide de son sang. » Elle lance un regard à Veronika, puis sans vraiment s'y attendre elle ressent un léger vertige. Elle regarde alors Yloé qui a l'air totalement terrorisé. « Ne t'inquiète pas, on ne va pas te laisser mourir. » Elle ressent alors un nouveau vertige et comme si elle perdait son énergie vitale. Elle sent alors, que quelque chose coule le long de son nez. La brune passe sa main en dessous de son nez et regarde son doigt avec une traînée de sang. Sa vue se brouille alors et il n'y a plus que le noir. Elle s'effondre aux côtés d'Yloé.

@Alec Jacobson, @Yloé Turner @Veronika Faure

Ne pas bouger. Ne pas faire un seul mouvement qui serait le mouvement de trop. Rester calme, toujours. Ne pas frémir sous la violence des coups de crosse, des coups de feu. Fermer ses pensées, ne pas les laisser dévier sur quoique ce soit d'inquiétant et attendre, attendre le bon moment pour s'enfuir. Elle avait retenu la leçon des années de violences chez ses géniteurs, mais aussi celles qu'Alec lui avait prodiguées, en bon frère flic et protecteur. Elle était terrorisée, comme tout le monde: même le plus entraîné des gars avait peur quand il fallait aller au combat. La peur était humaine, mais elle n'était nocive que si on la laissait nous contrôler. Sinon, elle nous poussait à la prudence, à faire attention au moindre souffle qui pourrait trop soulever notre poitrine et trahir notre présence en faisant trop de bruit. Et ces leçons, elle les appliquait ce soir, alors qu'elle était allongée sur le sol, témoin d'un massacre. Comment est-ce qu'elle s'était retrouvée là? Comme la plupart des gens: elle y était allée avec un groupe de potes, en l'occurrence une partie de ses collègues de travail. Elle avait vu tomber deux jeunes gens qu'elle croisait tous les jours, juste devant ses yeux, alors qu'elle allait leur chercher à boire. Elle avait tout juste eu le temps de feindre sa propre mort et d'échapper aux balles. L'une d'elle avait frôlé son bras, déchira la manche d'une de ses robes noires favorites. Il allait sans doute falloir un ou deux points de suture, mais rien de méchant. Elle avait eu une chance immense et elle en était consciente, alors elle faisait fi de la douleur, heureuse d'être encore en vie pour le moment. Alors qu'elle était, comme tant d'autres, totalement impuissante, elle vit son frère ramper vers elle. Elle ne savait pas si elle était soulagée de le voir, ou si elle avait envie de le tuer elle-même pour prendre des risques en venant la chercher. Son bras blessé était du côté opposé où il se trouvait et elle décida de ne rien lui dire pour ne pas l'inquiéter pour rien. "Ca va. Je sais pas comment on va sortir de là, mais j-" elle ne finit par sa phrase. Un des terroristes venait de poser son fusil sur la tempe de son frère. Alec la dissuada d'un regard de dire ou faire quoique ce soit. Pour ne pas montrer à leur attaquant à quel point elle tenait à celui sur qui l'arme était pointée, afin de ne pas risquer de faire tuer son frère en donnant à celui qui avait déjà prit tant de vie, elle tourna lentement la tête et se mordit la langue pour ne pas pleurer. Il allait falloir un véritable miracle pour qu'ils puissent sortir de là indemnes... ou sortir de là tout court. Si seulement elle avait moyen de contacter Lynn par la pensée. Elle l'avait croisée tout à l'heure, elle l'avait saluée, sachant que c'était une collègue de son frère et qu'elle l'appréciait bien - en tous cas, elle n'avait rien à lui reprocher. Elle aurait donné n'importe quoi pour pouvoir lui envoyer un message psychique et lui dire qu'ils avaient besoin d'aide. Mais ça ne fonctionnait qu'à la télévision, ce genre de trucs. Et puis était-elle encore en vie? Elle l'espérait. Il y avait tellement de morts... la seule chose qu'elle pouvait faire, c'était rester immobile et prier pour qu'elle ne le devienne pas définitivement.